Le géant de Cupertino a, pour la première fois, publié un guide pour expliquer ce que les développeurs d’applications avaient le droit de faire. Une main tendue qui intervient après de multiples critiques.
Dans une surprenante volte-face, Apple a publié jeudi une sorte de manuel du développeur averti pour iPhone et a simplifié des règles qui pénalisaient fortement des concurrents comme Google. Jusqu’à présent le géant de Cupertino était critiqué pour rejeter trop souvent certaines applications sans se donner la peine d’expliquer pourquoi.
Tout ça va donc changer… un peu. Dorénavant, Apple – grâce à son tout nouveau guide – pourra dire que les développeurs d’applications pour ses très populaires iPod/iPhone/iPad savent où ils mettent les pieds. Adoptant un style étonnamment direct, la multinationale explique entre autres dans ce document que si "vous voulez critiquer la religion, écrivez un livre, vous voulez parler de sexe, chantez des chansons". Pas la peine donc de soumettre des applications qui reprendraient ces thématiques. Certaines, comme les "simulateurs de pets", sont nommément interdites : "on n’en a vraiment pas besoin".
Reste qu’il est impossible d’établir une liste qui couvrirait tous les cas de figure. "Vous voulez savoir ce qui est interdit ? On peut seulement répéter ce qu’a dit un jour la Cour suprême : 'nous savons ce qui est interdit quand nous y sommes confrontés'". Le flou n’est donc pas entièrement levé.
Enquête du gendarme du commerce
Cette avancée est perçue par certains comme une réponse d’Apple à la progression de Google sur le marché des smartphones. En un an, le nombre de téléphones vendus fonctionnant sous Android (la plateforme mobile de Google) a augmenté de 883%, selon le cabinet d’études Canalys. Les développeurs sont donc de plus en plus enclins à se tourner vers ce concurrent féroce. D’autant que Google accueille les nouvelles applications à bras bien plus ouverts qu’Apple. Une situation intolérable pour la marque à la pomme qui fait de ses 250 000 applications son argument le plus vendeur.
Mais Apple ne s’est pas contenté de faire de l’œil aux développeurs. Il a aussi donné des gages à deux de ses ennemis du moment, Google et Adobe. Apple autorise désormais l'utilisation de la technologie Flash – le produit phare d’Adobe – pour faire des applications et le recours aux services de publicités AdMob de Google. Apple n’a cité nommément aucun des deux groupes, mais les marchés financiers ne s’y sont pas trompés. L’action d’Adobe a ainsi gagné 8% jeudi à Wall Street.
Jusqu’à présent Apple voulait que tout passe par ses outils maisons ou par ceux qu’il avait adoubés. Cet infléchissement peut paraître étonnant pour une société connue pour sa manie du contrôle, mais peut-être n’avait-elle pas le choix? Le gendarme du commerce américain, la FTC (Federal Trade Commission) a, en effet, lancé une enquête en juin pour savoir si les règles édictées par Apple n’étaient pas abusives. Le magazine Wired estime que l’exclusion des produits Adobe et Google était le point le plus noir dans le dossier de la FTC.
Crédit photo : Wolf Gang (sur Flickr)