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Nicolas Sarkozy se dit "attentif" mais refuse de baisser l'âge de la retraite

Le chef de l'État maintiendra l'âge de départ à la retraite à 62 ans. Il propose cependant de tenir compte de la pénibilité en permettant aux salariés ayant un taux d'incapacité de 10 %, contre 20 % actuellement, de partir à 60 ans.

Le président Nicolas Sarkozy a exclu de revenir sur le relèvement, de 60 à 62 ans, de l'âge légal du départ à la retraite. Il a cependant annoncé un assouplissement des mesures concernant, entre autres, la pénibilité, après avoir félicité le Premier ministre François Fillon et le ministre du Travail Éric Woerth pour leur engagement à faire aboutir la réforme.

Le Chef de l’État propose d'abaisser à 10 % le taux d'incapacité permettant aux salariés effectuant un travail pénible de bénéficier de la retraite à 60 ans, contre 20 % dans le texte actuel.

Il a également dit vouloir améliorer le dispositif "carrières longues" pour les travailleurs ayant commencé à travailler jeunes, sans pour autant entrer dans les détails.

Ces aménagements "devraient coûter aux alentours d'un milliard d'euros", a annoncé le secrétaire d'État à la Fonction publique Georges Tron, sur la radio BFM.

Les syndicats prêts à capitaliser sur la mobilisation

L’intervention du président français, qui s’est dit ce matin "attentif" aux préoccupations exprimées, risque de déplaire aux syndicats, qui maintiennent la pression sur le pouvoir.

"Au gouvernement de réagir", avait prévenu hier le secrétaire général de la CGT, Bernard Thibault. "S'il ne réagit pas et que nous ne sommes pas entendus, il y aura des suites à cette mobilisation et aucune forme n'est rejetée jusqu'à présent." La date du samedi 18 septembre a été avancée, ce qui permettrait à un plus grand nombre de salariés du privé de se joindre à la manifestation.

La manifestation parisienne en images
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Le Parti socialiste n’a pas tardé à commenter ces propositions par la voix de son porte-parole Benoît Hamon, qui considère que les "maigres" aménagements proposés par le président de la République ne vont "pas changer grand-chose" au projet.

L’Intersyndicale doit se réunir mercredi après-midi pour évoquer la suite de son action. Jean-Claude Mailly, secrétaire général de FO, a estimé sur France Info que les syndicats ont reçu des manifestants "une espèce de mandat pour tenir".

Mardi, les cortèges des manifestants auraient réuni entre 1,1 million et 2,7 millions de personnes, selon les chiffres respectifs de la police et de la CGT. Soit, dans les deux cas, une augmentation de 40 % par rapport à la précédente journée sur la réforme des retraites, le 24 juin.

La presse divisée sur l’attitude du chef de l’État

Dans sa grande majorité, la presse française, uniquement disponible via Internet en raison de la grève, souligne le succès de l’opération. Mais les éditorialistes restent divisés sur ses conséquences. "Les chiffres de la police le montrent : la manifestation d’hier est un grand succès. (…) Confronté à la protestation, il (ndlr : le gouvernement) affiche une attitude plus ouverte et parle même de négociations", écrit Laurent Joffrin dans Libération, estimant qu'il existe une place pour les compromis. Mais pour Paul Burel d'Ouest-France, la marge de manœuvre du président est étroite. Si Sarkozy "rompait avec l'ardente obligation d'une réforme" écrit-il, "il ne saperait pas seulement son avenir politique immédiat". Selon lui, "il serait coupable de non-assistance à système de retraite par répartition en danger de mort."

Du côté de la presse économique, La Tribune insiste dans son éditorial sur l’impact du dossier Woerth sur la mobilisation. "L’entêtement de Nicolas Sarkozy à maintenir son ministre-clé, Éric Woerth, a probablement engendré quelques centaines de milliers de manifestants supplémentaires. (…) La contestation ne sera calmée que par des aménagements de la réforme - des centaines de millions d’euros de déficits supplémentaires. Cela fait cher pour une prolongation de bail ministériel". Jean-Francis Pécresse souligne dans Les Échos que la France a manifesté contre "une réforme des retraites injuste". Mais, selon lui, "la véritable injustice est de prétendre sauver les retraites en relevant massivement les charges salariales et les impôts (…).L'injustice n'est pas forcément là où le pensent les manifestants", conclut-il.