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Le fils de Sakineh craint une exécution après le ramadan

Le fils de Sakineh a fait savoir qu'il craignait que sa mère, condamnée à mort par lapidation, ne soit exécutée après le Ramadan, dont la fin est prévue autour du 10 septembre. Il exhorte la communauté internationale à agir pour la sauver.

Sakineh Mohammadi-Ashtiani, condamnée à mort par lapidation, attend d'être fixée sur son sort depuis cinq ans. Et son fils, Sajjad, craint que ce jour fatidique arrive très prochainement. "La loi du ramadan touche à sa fin et selon la loi islamique, les exécutions peuvent de nouveau être appliquées", a-t-il déclaré depuis l'Iran lundi lors d'une conversation téléphonique avec l'écrivain Bernard-Henri Lévy (BHL). La fin du ramadan en Iran est prévue le 10 ou le 11 septembre.

"Si vous lâchez la pression, ma mère sera exécutée", avait-il indiqué la semaine dernière lors d' une interview publiée vendredi dans Libération. Sa mise à mort, prévue le 9 juillet, avait été suspendue grâce à une importante mobilisation de la communauté internationale.

Sakineh, 43 ans, a d’abord été condamnée le 15 mai 2006 à 99 coups de fouet pour "relation illégale", peine infligée sous les yeux de son fils. Quatre mois plus tard, le dossier du meurtre de son mari, tué en 2005, est rouvert et l’Iranienne écope de 10 ans de prison pour "complicité de meurtre" et à la lapidation pour adultère. Ce châtiment consiste à être enterré dans le sable jusqu’aux épaules, tué à l’aide de larges pierres lancées par les bourreaux.

Puis, le 11 août, cette mère de deux enfants, couverte d’un tchador noir, apparaît à la télévision. Elle déclare avoir participé au meurtre de son époux et avoir eu une liaison avec le cousin de ce dernier. Des "aveux" télévisés extorqués sous la torture, selon son avocat et sa famille. "Elle a été violentée au préalable, rapporte son fils. C’est Houtan Kian, l’avocat, qui l’a su de la bouche de ses codétenues. Les autorités avaient besoin de ces confessions afin de pouvoir rouvrir le dossier du meurtre de mon père."

99 coups de fouet pour une photo

Samedi, une nouvelle sentence est tombée. Sakineh a été condamnée à 99 coups de fouet supplémentaires, toujours selon son fils qui a appris l'information par l'avocat de sa mère, lui-même informé par ses codétenues. En cause : la photo d'une femme sans foulard publiée le 28 août par le quotidien britannique Times la présentant comme étant Madame Sakineh. Le juge indépendant de la prison, a confirmé la peine, Sakineh est, cette fois-ci, accusée d'avoir propagé "la corruption et l'indécence". Or ce cliché s'avère en fait être celle d'une activiste iranienne vivant en Suède. 

"S'il faut aller à Téhéran, j'irai à Téhéran", assure Kouchner

Depuis les "aveux" télévisés, ni Sajjad ni l’avocat n’ont pu la voir. "Les visites hebdomadaires sont interdites", a fait savoir son fils aujourd'hui. Son seul espoir : que la communauté internationale continue de faire pression sur le gouvernement iranien pour que la peine soit définitivement levée. Le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, qui s’est entretenu, ce lundi, avec l’ancien avocat de Sakineh, Mohamad Mostafaei, a dénoncé "une peine et un acte insupportable, le comble de la barbarie et le retour au Moyen-Age".

"S'il faut aller à Téhéran, j'irai à Téhéran", a-t-il ajouté, tout en concédant ne pas avoir évoqué ce dossier avec son homologue iranien. Kouchner dit toutefois espérer une "position commune" en fin de semaine de l'Union européenne pour faire libérer l'Iranienne.

La France se mobilise également à travers une pétition, initiée par BHL. Pour l’heure, elle rassemble pas moins de 80 000 signataires, selon le site laregledujeu.org qui l'héberge.

Interpellé par Sajjad, le pape Benoît XVI a déclaré suivre ce dossier de près et intervenir "non pas sous forme publique, mais à travers les canaux diplomatiques", "comme cela s'est déjà passé de nombreuses fois".

Le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a de son côté réclamé dimanche aux autorités iraniennes "un geste de clémence" pour sauver la vie de Sakineh. Il a également proposé de rencontrer son homologue iranien Manouchehr Mottaki, en marge de l'Assemblée générale de l'ONU qui se tient prochainement à New York.

En août dernier, le Brésil, qui entretient des relations amicales avec l'Iran, était intervenu dans le dossier. Lula avait proposé l'asile à la jeune femme, mais le président iranien Mahmoud Ahmadinejad avait décliné l’offre.