
Une première au sein de l'armée française. Les trois militaires blessés le 23 août lors d'une opération en Afghanistan ont bien été victimes de tirs "amis", conclut l'enquête demandée par l'état-major. Leurs camarades pensaient tirer sur des Taliban.
AFP - L'enquête demandée par l'état-major l'a démontré : le 23 août, les forces françaises ont connu leur premier tir fratricide depuis leur engagement en Afghanistan, en décembre 2001.
Trois soldats français du 21e régiment d'infanterie de marine (21e RIMa) de Fréjus (Var) ont été blessés, dont l'un grièvement, par les tirs au canon de leurs camarades d'une section d'appui qui pensaient ouvrir le feu sur des insurgés.
"C'est la première fois qu'un tir fratricide se produit en Afghanistan au sein des forces françaises", a déclaré à l'AFP le colonel Thierry Burkhard, porte-parole de l'état-major.
L'incident, présenté dans un premier temps comme un accrochage avec des insurgés, avait cependant rapidement éveillé des doutes. Quelques minutes après l'ouverture du feu, une compagnie qui se trouvait dans la direction des tirs, à environ un kilomètre de distance, avait signalé des blessés dans ses rangs.
Cette nuit-là, l'avant-garde française se mettait en place pour sécuriser le déploiement de 380 militaires français et 170 Afghans engagés dans une opération baptisée Hermes Burrow. Il s'agissait de "désorganiser les structures des insurgés et de réduire leurs capacités logistiques" au sud dans la vallée de Tagab.
Depuis des mois, les forces françaises tentent de prendre le contrôle du secteur, un fief taliban où elles subissent désormais l'essentiel de leurs pertes.
Quelques heures après l'incident, un second accrochage, cette fois clairement attribué aux insurgés, a fait deux morts dans les rangs français, deux soldats du 21e RIMa également.
Selon le colonel Burkhard, l'enquête sur les trois blessés de la nuit a mis en évidence "un enchaînement d'incompréhensions, aggravé par les circonstances".
"Il faisait nuit, le terrain était difficile, la végétation dense et, de surcroît, une heure auparavant, des insurgés avaient ouvert le feu sur des éléments français en train de se mettre en place dans la même zone", a-t-il fait valoir.
Vers 03H00 locales, le peloton d'appui a tiré deux obus de 105 mm depuis ses blindés de reconnaissance AMX-10 RC ainsi que trois rafales de canon de 25 mm avec ses véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI).
Toujours selon le colonel Burkhard, "il y a bien eu une demande d'autorisation de tir et le tir a été autorisé par le poste de commandement" de l'opération. Celui-ci a vérifié la position des uns et des autres mais la séquence a été marquée par "une série d'incompréhensions lors des transmissions" alors que "l'ennemi était dans la zone et que les éléments français se déplaçaient".
"C'est la hantise et l'obsession des militaires. Tout est fait pour éviter les tirs fratricides, nous avons déjà assez à faire avec les insurgés", a-t-il souligné.
Y aura-t-il des conséquences disciplinaires ? "Pour l'instant, l'enquête conclut qu'il n'y a eu aucune erreur individuelle ou collective déterminante à l'orgine de cet accident", a répondu l'officier.
L'état-major a précisé que l'un des trois blessés avait pu quitter l'hôpital depuis, tandis que le plus grièvement atteint "demeure dans un état sérieux bien que son pronostic vital ne soit plus engagé".
Celui-ci souffre de graves brûlures provoquées par l'explosion des obus français. Dans un premier temps, les militaires avait espéré qu'elles soient plutôt dues au tir d'un RPG-7 (lance-roquettes) des insurgés.
Les forces américaines et de l'Otan en Afghanistan sont régulièrement blâmées pour avoir provoqué des pertes civiles, mais aussi pour ces tirs fratricides, dit également "amis", dont sont victimes leurs propres soldats ou des militaires et policiers afghans.