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Nairobi embarrassé après la visite du président soudanais Omar el-Béchir

Les autorités kenyanes sont critiquées par la communauté internationale pour ne pas avoir procédé à l’arrestation du président soudanais Omar el-Béchir, qui assistait vendredi à Nairobi aux cérémonies de promulgation de la nouvelle Constitution.

Les festivités en l’honneur de la ratification de la nouvelle Constitution du Kenya, qui se tenaient vendredi à Nairobi, ont été éclipsées par la présence d’un invité très remarqué. Sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), le président soudanais Omar el-Béchir a néanmoins décidé d’assister à la cérémonie. Vivement critiqué pour ne pas avoir procédé à son arrestation, le Kenya tente tant bien que mal de défendre sa décision.

Le ministère des Affaires étrangères a tenté de justifier la présence "en tant que voisin" du président el-Béchir, soulignant qu’une arrestation aurait surtout mis à mal la paix au Soudan et dans la région. "En dépit des obligations du Kenya à l'égard de la CPI, notre pays a un intérêt légitime et stratégique à assurer la paix et la stabilité de la sous-région et à encourager la paix la justice et la réconciliation au Soudan", a ainsi lancé le vice-ministre des Affaires étrangères, Richard Onyonka.

"Une erreur"

Des explications rapidement contredites par le Premier ministre kényan, Raila Odinga, qui a lui reconnu que cette invitation constituait une "erreur".

"Cela a été une erreur d'inviter le président Béchir parce qu'il est inculpé de crimes contre l'humanité, même si nous voulons renforcer nos relations de bon voisinage avec les pays de la région", a-t-il déclaré dimanche.

Les regrets exprimés par le Premier ministre kényan interviennent après une série de critiques internationales. De nombreux chef d’État ont fait part de leur indignation, dont le président américain Barack Obama qui s’est dit "déçu" que le Kenya ait reçu le président soudanais Omar El-Béchir "au mépris des mandats d'arrêt de la Cour pénale internationale".

L'ancien secrétaire général de l'ONU et ancien médiateur de la crise kenyane, Kofi Annan, a lui invité Nairobi à clarifier sa position à l'égard de la CPI.

Critiques internationales

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Les défis de la CPI
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"Le président Béchir combat pour sa liberté en usant de différentes tactiques [...] y compris en abusant de l'hospitalité africaine", a déploré Luis Moreno-Ocampo, procureur en chef de la CPI, dans une interview accordée samedi à l'agence Reuters. Une réaction qui sonne comme un avertissement à destination de Nairobi, Luis Moreno-Ocampo menant parallèlement une enquête sur les violences postélectorales survenues au Kenya entre fin 2007 et début 2008. Il a promis d’émettre des mandats d’arrêt contre plusieurs responsables des deux principaux partis aux élections d’ici fin 2010.

Signataire du traité de Rome fondateur de l’instance judiciaire internationale en 2002, le Kenya était en principe dans l’obligation d’interpeller le président soudanais. Accusé de génocide, de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, Omar el-Béchir est le premier chef d’État en exercice poursuivi par le CPI.