
Selon le Point.fr, le procureur de Nanterre aurait prévu de demander une nouvelle autorisation au Conseil des ministres pour interroger Eric Woerth, notamment sur ses relations avec Patrice de Maistre. Le ministre a déjà été entendu le 29 juillet.
AFP - Le feuilleton de l'affaire Bettencourt, en demi-sommeil depuis la fin juillet en raison des vacances judiciaires, a repris mardi avec une nouvelle audition de l'ancienne comptable de Liliane Bettencourt, Claire Thibout, par les enquêteurs de la brigade financière.
Près d'un mois après sa dernière audition par la police, Claire Thibout a été interrogée pendant plusieurs heures, mardi après-midi, au siège de la brigade financière, à Paris, a dit à l'AFP le parquet de Nanterre.
L'audition s'est déroulée dans le cadre de l'enquête préliminaire pour "atteinte à la vie privée" ouverte après la découverte d'enregistrements clandestins de conversations entre Liliane Bettencourt et son entourage, a précisé le parquet.
Selon l'avocat de Claire Thibout, Me Antoine Gillot, les enquêteurs voulaient de nouveau interroger l'ex-comptable "sur les 400.000 euros d'indemnités que lui a versés Françoise Bettencourt-Meyers au moment de son départ" du service de la milliardaire.
Claire Thibout, à l'origine des accusations de financement politique illégal portées contre le ministre du Travail Eric Woerth, a reconnu en juillet avoir reçu 400.000 euros de la fille de Liliane Bettencourt, Françoise Bettencourt-Meyers, lors de son licenciement par la milliardaire en 2008.
Selon Me Gillot, la somme "résulte d'une lettre d'engagement de Mme Meyers-Bettencourt datant de juillet 2007, avant même qu'elle ait commencé toute procédure judiciaire" pour un abus de faiblesse de sa mère.
Claire Thibout "s'est déjà exprimée à plusieurs reprises sur ce point. Elle ne comprend pas pourquoi on l'interroge à nouveau", a-t-il ajouté. La comptable avait évoqué l'indemnité mi-juillet, lors de son audition par la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez, qui conduit un supplément d'information sur l'affaire opposant Mme Bettencourt-Meyers à l'artiste François-Marie Banier, accusé d'abus de faiblesse sur Liliane Bettencourt.
Interrogée quelques jours plus tard dans le cadre des enquêtes préliminaires du parquet de Nanterre, l'ex-comptable avait confirmé le versement. L'avocat de Mme Bettencourt-Meyers, Me Olivier Metzner, avait précisé à l'AFP qu'il s'agissait de respecter les "dernières volontés d'André Bettencourt", mort en novembre 2007, au cas où Mme Thibout perdrait son travail.
Depuis la publication mi-juin des enregistrements clandestins, le parquet de Nanterre cherche à déterminer si d'ex-employés de la milliardaire ont prêté leur concours à l'action judiciaire initiée par sa fille.
Ces enregistrements, réalisés entre 2009 et 2010, ont mis au jour des suspicions de fraude fiscale dans la gestion de la fortune de la milliardaire mais aussi un possible conflit d'intérêts avec l'ex-ministre du Budget puisque son épouse a travaillé deux ans et demi dans la société Clymène, chargée de sa gestion.
Pas moins de quatre enquêtes préliminaires ont été ouvertes par le parquet de Nanterre depuis la découverte des enregistrements. D'après une source proche du dossier, d'autres auditions et retours d'expertises sont attendus dans les prochaines semaines, tandis que les enquêtes pourraient trouver leur issue dans le courant de l'automne.
Selon le Point.fr, le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, compte demander prochainement une nouvelle autorisation au Conseil des ministres en vue d'une nouvelle audition d'Eric Woerth, déjà entendu le 29 juillet. Il souhaiterait, selon l'hebdomadaire, l'interroger sur ses relations avec Patrice de Maistre, le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt. Interrogé mardi soir par l'AFP, le parquet de Nanterre n'a pas confirmé cette information.
Dans un autre volet de l'affaire, concernant l'attribution de la Légion d'honneur à Patrice de Maistre, le Canard enchaîné à paraître mercredi révèle que la décoration a été à l'origine demandée, en 2007, par le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur. M. de Maistre s'était fait remettre la Légion d'honneur en janvier 2008 par Eric Woerth, à l'époque ministre du Budget.