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Les tarifs des offres "Internet, téléphone, télévision" pourraient augmenter en France

Internet, téléphone fixe et télévision : les tarifs des offres "triple play" en France sont les moins chers au monde. Mais la donne pourrait changer. Le gouvernement envisage d'augmenter la TVA sur ces produits pour respecter les règles européennes.

AFP - La hausse de la TVA sur les factures des box internet envisagée par le gouvernement va peser lourdement sur les comptes des opérateurs télécoms, réduisant encore pour eux la rentabilité des forfaits à 29,90 euros/mois plébiscités par les Français.

L'exécutif a confirmé mardi qu'il envisageait de modifier la taxation des offres "triple play" --alliant internet, téléphonie fixe et télévision-- accessibles par les lignes téléphoniques via les technologies ADSL.

La mesure pourrait rapporter des centaines de millions d'euros à l'Etat, selon la Fédération française des télécoms (FFT).

Actuellement, les 20 millions d'abonnés français à une box internet sont taxés à 19,6% pour une moitié de leur facture et bénéficient d'une TVA réduite de 5,5% sur le solde.

Cette réduction a été autorisée par l'Union européenne pour les services de télévision, mais en mars, la Commission a mis en demeure la France de revoir le dispositif au motif qu'il portait aussi sur d'autres types de services.

"On peut envisager une solution plus ou moins radicale, comme mettre toute la facture à 19,6% ou bien passer 40% de la facture à 5,5%", a expliqué à l'AFP le cabinet de la ministre de l'Economie Christine Lagarde.

"On peut aussi faire du sur mesure, en fonction des opérateurs et de la réalité de l'utilisation de l'offre télévision", a ajouté cette source, précisant que la solution retenue serait annoncée "dans les prochaines semaines".

Les opérateurs sont "extrêmement déçus et inquiets des répercussions qu'une telle décision pourrait avoir", a indiqué à l'AFP, le directeur général de la FFT, Yves Le Mouël.

Une imposition à 19,6% entraînerait un coût de revient supplémentaire de un à deux euros par abonné, a-t-il mis en garde. Cette "hausse substantielle (...) aurait à l'évidence un impact soit sur les investissements des opérateurs soit sur le tarif final pour le client".

Toutefois, il est peu probable que le verrou psychologique d'une box à 29,90 euros, fixé par Free (groupe Iliad) il y a huit ans et sur lequel la plupart des opérateurs se sont alignés depuis, ne saute dans l'immédiat.

Les opérateurs "restent pour le moment prudents avec leurs tarifs de peur que leurs clients ne se précipitent vers la concurrence", note ainsi Virginie Lazès, spécialiste des nouvelles technologies de la banque Bryan Garnier.

Pourtant, ce tarif, le moins cher au monde, "devient de plus en plus contraignant pour les opérateurs", qui n'ont répercuté ni l'inflation, ni les taxes sur l'aide à la création cinématographique et la copie privée, ni la gratuité des hotlines imposée en 2008, pointe-t-elle.

Le plus probable est donc que les fournisseurs d'accès à internet grignotent encore sur leurs marges, déjà quasi nulles, relève aussi Stéphane Dubreuil, directeur associé chez Sia Conseil. En revanche, si la box passait entièrement à une TVA de 19,6%, ils pourraient "relever leurs tarifs tous en même temps".

Une mesure qui tomberait mal alors que les opérateurs font tout pour occuper le terrain avant l'arrivée de Free comme 4e opérateur mobile, prévue en 2012. Dans ce contexte, "la priorité d'Orange, de SFR et de Bouygues Telecom est de fidéliser leurs clients", estime Mme Lazès.

Au lieu d'augmenter le tarif de base, ils préfèrent attirer le client vers d'autres formules, comme le "quadruple play" alliant box et téléphone mobile, ou rentabiliser l'abonnement avec des offres à valeur ajoutée incluant les appels vers les mobiles depuis la box, ou un accès illimité à la télévision payante, pour 5 à 8 euros supplémentaires.

Les dépassements de forfaits sont aujourd'hui déjà un complément de revenus non négligeable: chaque abonné Free paie ainsi en moyenne 36 euros par mois.