
L'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a dénoncé lundi une "surenchère sécuritaire" de la part du gouvernement. Évoquant notamment l'expulsion de Roms, il a parlé d'une "tache de honte sur le drapeau" français.
AFP - L'ex-Premier ministre Dominique de Villepin (UMP) estime que les récentes décisions du gouvernement contre l'insécurité, notamment l'expulsion des Roms, font "une tache de honte sur notre drapeau", appelant les Français à s'insurger contre cette "dérive inacceptable".
Muet sur le sujet depuis le 30 juillet, date du discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy sur la sécurité, le Premier ministre, François Fillon, a appelé par voie de communiqué à agir "avec fermeté, continuité et justice, sans laxisme ni excès" dans ce dossier et a mis en garde contre une "instrumentalisation de la lutte contre l'immigration clandestine", aussi bien à gauche qu'à droite.
Il a par ailleurs annoncé saisir le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, sur la question des Roms mercredi en vue d'"approfondir la coordination" avec Bucarest et Sofia et "d’accentuer les initiatives dans le cadre européen".
"Il aura suffi d’un discours à Grenoble et d’un été, d’un seul été, pour que tout bascule, de la lutte contre l’insécurité à l’indignité nationale", affirme M. de Villepin dans une tribune publiée dans Le Monde daté de mardi.
Dénonçant une "surenchère sécuritaire", il estime que celle-ci "n’a d’autre but que la provocation et la division pour assurer la conservation du pouvoir au service d’intérêts personnels".
Pour le président de République solidaire (RS), cette politique constitue une "faute morale, (une) faute collective commise en notre nom à tous, contre la République et contre la France. Il y a aujourd’hui sur notre drapeau une tache de honte".
Selon lui, "se taire c'est être complice. Il appartient à chaque Française, à chaque Français, de réagir en conscience (...) pour marquer à sa façon son refus de cette dérive inacceptable", de cette "hydre qu’un président et ses courtisans voudraient réveiller au fond de chacun de nous".
Pointant un "malaise à droite", un "flottement à gauche" et des "incertitudes au centre", il appelle les politiques à "se hisser au-delà des arrière-pensées électorales et des clivages partisans".
"Nous savons pertinemment, les uns et les autres, que ces projets d’élargissement de la déchéance de nationalité française ne pourraient déboucher sur rien de concret, rien d’efficace. Nous savons notre arsenal juridique suffisant", juge l'ancien Premier ministre de Jacques Chirac. "Nous savons surtout que de tels projets, même mis en oeuvre, ne changeraient rien aux difficultés quotidiennes de nos compatriotes".
"Des solutions existent pourtant", affirme-t-il. "Cela exige de rassembler tous les acteurs, notamment les maires et les associations, de mobiliser avec raison et détermination tous les instruments de la prévention et de la répression en reconnaissant l’ampleur de la question sociale, économique, éducative".
Dominique de Villepin, qui a lancé en juin son parti politique (RS), a aussi renouvelé son adhésion à l'UMP en juillet.