logo

"Je crains que la majorité de 2007 ne s’éparpille"

Etienne Pinte, député UMP et ancien maire de Versailles, dénonce la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy, dictée selon lui par une stratégie électoraliste. S’il ne compte pas quitter son parti, il dit craindre pour l’unité de celui-ci.

A droite aussi, les récentes annonces et décisions du gouvernement et de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité et d’immigration font grincer les dents. Lundi, l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin a parlé de "tâche de honte sur [notre] drapeau" et l’ancienne ministre Christine Boutin a évoqué un possible divorce entre sa formation politique, le Parti démocrate chrétien, et l’UMP.

Ce mardi, c’était au tour du député UMP Etienne Pinte, ancien maire de Versailles, de monter au créneau en affirmant sur le site LesInrocks.com avoir "envisagé de démissionner de l’UMP". Il s’en explique sur France24.com.

Pensez-vous vraiment quitter votre parti ?

Etienne Pinte : Effectivement, cette réflexion a pu m’effleurer. Mais il n’en est pas question. Cela fait très longtemps que je suis dans la famille des gaullistes et je n’ai pas l’intention de déserter. Ce n’est pas la première fois que je suis en désaccord avec l’action du gouvernement, j’ai l’habitude - ils ont l’habitude.

Que reprochez-vous exactement à la politique sécuritaire du gouvernement ?

E.P. : J’ai l’impression que nous sommes dans un cycle paranoïaque où il s’agit de trouver

un bouc-émissaire à l’échec de nos politiques de sécurité : il y a eu les sans-papiers, les personnes naturalisées, les Roms ou les parents qui n’arrivent pas à maîtriser leurs enfants. Ce sont des crispations qui montrent nos faiblesses. Ce n’est pas la bonne stratégie, l’environnement politique est devenu détestable, c’est très difficile de travailler dans ce contexte, ce pays a besoin de sérénité.

Ce n’est pas non plus en réduisant les effectifs de policiers et de gendarmes, comme le fait le gouvernement, que l’on sécurisera les quartiers difficiles. Certes le contexte budgétaire est difficile, mais il y a des secteurs où l’on ne peut pas supprimer d’emplois. Il faut donner au contraire plus de moyens aux ministères régaliens que sont l’Intérieur et la Justice et soutenir davantage les acteurs sociaux, les enseignants et les associations qui tentent d’accompagner l’intégration.

Quel est selon vous le but poursuivi pas Nicolas Sarkozy et le gouvernement ?

E.P. : Nous sommes à un an et demi de l'élection présidentielle, le but est donc avant tout électoraliste. Et il est vrai que les messages que je reçois des électeurs sur la politique menée par le gouvernement en matière de sécurité sont globalement positifs, même si les sondages sont contradictoires selon la manière de formuler les questions.

Le secrétaire général de votre parti, Xavier Bertrand, a indiqué que la "grande majorité" des députés et sénateurs UMP étaient favorables aux annonces du gouvernement, qu’en dites-vous ?

E.P. : Xavier Bertrand n’a pas interrogé chacun d’entre nous. Je sais qu’un certain nombre de mes collègues sont sur la même longueur d’onde que moi mais n’ont pas encore forcément osé s’exprimer. Il sera intéressant de voir comment cela va évoluer, notamment lors de l'Université d’été du parti.

Je crains surtout que, suite aux dérapages verbaux de l’été, la majorité de 2007 ne s’éparpille - une partie vers l’extrême-droite, une autre vers Dominique de Villepin ou le MoDem. Et alors que les villepinistes pensent à créer un groupe parlementaire à l’Assemblée à la rentrée, tout cela risque de conforter ceux qui hésitaient à le rejoindre.