Malades et blessés tentent d'évacuer l'hôpital Al-Qods ravagé par les flammes après un bombardement israélien sur Gaza-ville. Plus tôt, le Hamas a affirmé que son ministre de l'Intérieur avait trouvé la mort dans un raid aérien de Tsahal.
Les flammes ravageaient jeudi soir l'hôpital Al-Quds, à Gaza, touché plus tôt par un obus israélien, d'où des centaines de personnes tentaient de fuir dans la confusion la plus totale, selon un correspondant de l'AFP.
Dans des scènes de panique, des parents évacuaient des malades et des blessés couchés sur des lits, et trois bébés prématurés dans des couveuses vers la rue pour fuir le brasier.
Des tirs israéliens résonnant dans le secteur ajoutaient à la confusion.
Des fumées épaisses se dégageaient du bâtiment en feu.
Le ministre de l'Intérieur du Hamas tué
Un peu plus tôt ce jeudi, un dirigeant de premier plan du Hamas, Saïd Siam, a été tué dans un raid à Gaza, où les bombardements israéliens ont également touché un complexe de l'ONU, un bâtiment de presse et un hôpital, suscitant une vague d'indignation dans le monde.
Ces attaques sont survenues alors qu'une sortie de crise semblait s'esquisser, l'Egypte ayant annoncé qu'Israël avait accepté son plan pour un cessez-le-feu. L'Etat hébreu a cependant affirmé qu'aucune décision n'avait encore été prise.
Saïd Siam, 49 ans, un des "faucons" du Hamas et son "ministre" de l'Intérieur à Gaza, a été tué avec son fils Mohammad et son frère Iyad dans une attaque aérienne dans le nord de Gaza-ville. Sa belle-soeur, un garde du corps et quatre voisins ont également péri dans le raid, selon le Hamas.
L'armée israélienne a confirmé ce raid.
Siam, également député du Hamas au parlement palestinien, est le plus haut dirigeant du mouvement islamiste à être tué par l'armée israélienne depuis le déclenchement de son offensive le 27 décembre contre la bande de Gaza. Une autre figure du mouvement, Nizar Rayan, avait été tuée le 1er janvier.
Siam avait formé en 2006 la "force exécutive" du Hamas, une milice paramilitaire qui avait joué un rôle crucial dans la violente prise de pouvoir par le mouvement islamiste à Gaza en délogeant les forces fidèles au président Mahmoud Abbas.
Au 20è jour de l'offensive, l'armée israélienne a intensifié ses bombardements et effectué une profonde incursion dans un quartier de Gaza où les chars israéliens se sont heurtés à des combattants palestiniens.
Les attaques ont par ailleurs touché, toujours à Gaza, le complexe de l'Unrwa, la principale agence d'aide de l'ONU dans le territoire palestinien, un hôpital et un immeuble abritant des médias internationaux.
Trois employés de l'Unrwa ont été blessés dans les bombardements du complexe où l'agence a suspendu ses opérations après la destruction de plusieurs entrepôts dans un incendie.
L'incendie a ravagé des dizaines de tonnes d'aide humanitaire, a affirmé le porte-parole de l'Unrwa Adnane Abou Hasna, estimant les pertes à des dizaines de millions de dollars.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon s'est dit "scandalisé" par le bombardement. Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a affirmé, en le recevant, qu'Israël avait riposté à des tirs en provenance du complexe de l'ONU.
"Profondément préoccupée" par la situation humanitaire "affreuse" à Gaza, la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice a téléphoné aux dirigeants israéliens après le bombardement.
Les membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont exprimé leur "grave préoccupation" après les frappes israéliennes et la présidence tchèque de l'Union européenne les a jugées "simplement inacceptables".
Le Premier ministre britannique Gordon Brown et la France ont les ont également condamnées.
Au moins 50 Palestiniens ont été tués par des raids et des tirs israéliens jeudi, dont une femme et ses trois enfants dans le nord de la bande de Gaza, selon des sources palestiniennes.
Entre-temps, les tirs de roquettes à partir de Gaza ont continué. Selon l'armée, 25 engins sont tombés sur le sud d'Israël, faisant 5 blessés à Beersheva, à 40 km de Gaza, dont un grièvement, selon les services de secours et l'armée.
Depuis le début de l'offensive, 1.105 Palestiniens ont été tués, dont 355 enfants et 100 femmes, et plus de 5.130 blessés, selon les services d'urgence à Gaza. Selon le Centre palestinien des droits de l'Homme à Gaza, 65% des morts sont des civils.
Durant cette période, dix militaires et trois civils israéliens ont péri.
Le Hamas a appelé les Palestiniens à marquer vendredi une nouvelle "journée de la colère" par des manifestations anti-israélienne. Le Fatah, le parti de M. Abbas, a également appelé à des manifestations.
Dans le même temps, les efforts diplomatiques s'accéléraient avec notamment des entretiens du négociateur israélien Amos Gilad en Egypte et les visites de M. Ban et du chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier en Israël.
M. Gilad a discuté dans l'après-midi avec le chef des services de renseignements égyptiens, le général Omar Souleimane, d'un plan égyptien de cessez-le-feu. Il rendait compte de ses entretiens dans la soirée aux dirigeants israéliens.
En début de soirée, un haut responsable diplomatique égyptien a affirmé qu'Israël avait donné son "feu vert" au plan égyptien mais qu'une "nouvelle rencontre" égypto-israélienne "sera nécessaire".
A Jérusalem, le porte-parole de la Présidence du Conseil, Mark Regev, a indiqué peu après qu'Israël n'avait pas encore pris de décision sur l'initiative égyptienne.
L'Egypte avait affirmé mercredi avoir obtenu l'aval du mouvement islamiste à son plan, ce que ce dernier n'a pas confirmé.
Le chef du Hamas en exil Khaled Mechaal a réaffirmé à Damas que son mouvement n'accepterait pas de plan qui ne prévoit la fin immédiate de "l'agression", un retrait de l'armée israélienne, la levée du blocus et l'ouverture des points de passage.
La situation humanitaire dans le territoire palestinien surpeuplé et pauvre devient "dramatique", ont par ailleurs affirmé les agences de l'ONU, alors que les habitants fuyant les raids n'ont pas d'endroit où se réfugier.
Un million d'habitants vivent sans électricité, 750.000 sont sans eau et les hôpitaux fonctionnent grâce à des générateurs de secours, selon l'ONU.
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