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Dans une lettre ouverte au chef de l'État français, un groupe d'intellectuels et d'hommes politiques demande à la France de rembourser la "dette d'indépendance" contractée par son ancienne colonie il y a 206 ans.

Dans une lettre ouverte adressée au président français, Nicolas Sarkozy, et publiée dans le quotidien "Libération", des hommes politiques et des intellectuels de différentes nationalités demandent à la France de rendre l’argent qu’elle a " extorqué" à Haïti.

Les signataires, parmi lesquels le célèbre linguiste américain Noam Chomsky ou le député européen José Bové, rappellent qu’en 1804, le roi de France, Charles X, avait imposé aux Haïtiens le paiement de 90 millions de francs or en échange de l’indépendance du pays. C’est cette "dette de l’indépendance", contractée il y a 206 ans, que le "Groupe de soutien au comité pour le remboursement immédiat des milliards envolés d’Haïti" demande aujourd’hui à Paris de s’acquitter.

"Considérant les besoins financiers criants de ce pays dévasté par le terrible séisme du 12 janvier, nous vous pressons donc, Monsieur le président, de restituer à Haïti, la première république noire de l'Histoire, la dette historique de son indépendance", écrivent les signataires. Un tremblement de terre dévastateur, survenu en janvier, a causé la mort d'au moins 250 000 personnes dans l’île.

Le site du Quai d'Orsay victime d'un canular

Le 14 juillet, le comité avait monté un canular en mettant en ligne une réplique du site internet du ministère français des Affaires étrangères qui annonçait que la France était décidée à payer sa "dette" envers son ancienne colonie des grandes Antilles. Les auteurs de ce faux communiqué avaient chiffré à 17 milliards d’euros la somme que Paris consentait à débloquer pour rembourser les 90 millions de francs or payés à l’époque.

C’est sur ce site, www.diplomatiegov.info hébergé au Canada, que sont également publiés le texte de la pétition ainsi que la liste de la centaine de signataires.
Haïti a déclaré son indépendance en 1804, 13 ans après le début d’une révolte d’esclaves qui a contraint la France à se retirer de l’île.

Les anciens esclavagistes français de l’île ont alors demandé un dédommagement pour compenser le manque à gagner lié à la perte de leur activité. Sous la menace d'une invasion militaire et d’un blocus commercial, Haïti a dû s’acquitter de 90 millions de francs or, une somme que le pays a fini de payer 125 ans plus tard, en 1947.