Trois semaines de répit pour le gouvernement. Ce mardi signe le début des vacances pour les ministres, avant une rentrée chargée. La réforme des retraites ou encore la perspective d'un remaniement sont d'ores et déjà au programme.
AFP - C'était mardi le dernier Conseil des ministres des membres du gouvernement Fillon qui ont vécu une année semée d'embûches avant une rentrée à hauts risques, quand plane sur leur tête l'ombre du grand remaniement annoncé pour l'automne par Nicolas Sarkozy.
La plupart des ministres resteront dans l'hexagone pour leurs vacances. Il n'y a pas eu de "consigne" en ce sens, a assuré mercredi Luc Chatel mais en ces temps de rigueur budgétaire, des séjours à l'étranger pourraient être mal vus par l'opinion publique.
Le chef de l'Etat, qui partira d'ici mercredi pour le Cap-Nègre dans la résidence de son épouse Carla Bruni-Sarkozy, a "conseillé" aux ministres de "se reposer" mais également de rester "mobilisés", a précisé Luc Chatel.
Nicolas Sarkozy a rappelé "qu'on était ministre 24 heures sur 24, 365 jours par an et qu'il fallait être particulièrement vigilant quand on était au service des Français", a rapporté le porte-parole du gouvernement.
Les ministres devront être de retour pour le 25 août, date du prochain Conseil qui marquera la rentrée politique. La sécurité y tiendra une place importante.
Nicolas Sarkozy a multiplié ces derniers jours les initiatives musclées et le sujet était aussi à l'ordre du jour de ce dernier rendez-vous du gouvernement. Le chef de l'Etat s'en est pris à la gauche affirmant qu'elle avait, avant lui, étendu les possibilités de déchéance de nationalité.
Le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux a dressé un bilan de la lutte contre les cambriolages, se félicitant d'une diminution de 2,1% au premier semestre écoulé.
La gauche voit dans cette offensive sécuritaire une manoeuvre électoraliste pour la prochaine présidentielle et "un enfumage" (dixit le PS) pour faire oublier l'affaire Bettencourt dans laquelle le ministre du Travail Eric Woerth a été longuement entendu par la police.
Cette chronique politico-judiciaire a achevé de plomber une année parlementaire sombre pour Nicolas Sarkozy, qui avait commencé par des propos jugés racistes de Brice Hortefeux en septembre, suivis par la polémique sur le projet d'élection du fils du président à la tête d'un établissement public.
Les mauvaises nouvelles sont aussi venues des urnes avec une débâcle de la droite aux régionales de mars, assortie de la dégringolade du chef de l'Etat dans les sondages. Nicolas Sarkozy a aussi dû essuyer les critiques sur le train de vie excessif de certains de ses ministres, le contraignant à en limoger deux en juin.
Il a en revanche préféré attendre l'automne pour modifier plus largement son gouvernement, après la réforme des retraites, autre dossier brûlant de la rentrée, objet d'un bras de fer entre gauche et syndicats d'un côté, gouvernement et majorité de l'autre.
N'aurait-il pas alors fallu remanier plus tôt? Certains ministres sont "usés", témoigne un secrétaire d'Etat. Le moral est morose dans les cabinets ministériels, déplorent plusieurs conseillers.
D'autant, explique l'un d'eux, qu'il n'y a "aucune bonne nouvelle à annoncer" à la rentrée qui s'annonce "merdique".
"Lorsqu'on sert le gouvernement, on le sert pour une durée indéterminée. On ne sait pas toujours quand on devient ministre et on ne sait jamais quand ça s'arrête", a grondé Luc Chatel, assurant tous les membres du gouvernement restent très motivés.
Les spéculations sur les partants risquent de ne pas cesser. La question d'un remplacement de François Fillon, qui a récemment fait entendre sa petite musique sur "la rigueur" et est resté muet sur la sécurité, reste entière. "Le président n'est pas décidé", glisse un ténor de la majorité.