Soucieux de conjurer une crise qui couve depuis l'assassinat du Premier ministre Rafic Hariri en 2005, le président syrien et le monarque saoudien ont invité les Libanais à renoncer à la violence pour régler leurs différends.
REUTERS - Le roi Abdallah d'Arabie saoudite et le président syrien, Bachar al Assad, ont rencontré vendredi des responsables libanais pour tenter de calmer les tensions avant la probable inculpation de membres du Hezbollah dans l'enquête sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre Rafic Hariri.
Cette visite commune est une première symbolique qui vient sceller la réconciliation entre les dirigeants arabe et syrien, brouillés après la mort de Rafic Hariri en février 2005.
Elle démontre en outre leur détermination à éviter la crise qui couve entre le Hezbollah libanais, soutenu par la Syrie et l'Iran, et les mouvements alliés de Saad Hariri, actuel Premier ministre et fils de Rafic Hariri, proche de Ryad.
Un communiqué de la présidence libanaise rapporte que les dirigeants ont discuté des "moyens de renforcer l'accord national et la stabilité du Liban" et qu'ils ont souligné la nécessité d'éviter la violence.
itIl s'agit du premier déplacement à Beyrouth du président syrien depuis l'assassinat de Rafic Hariri, qui avait suscité un tollé national et international et entraîné le retrait contraint
des troupes syriennes stationnées au Liban.
Quant au roi Abdallah, il n'était plus venu au Liban depuis un sommet arabe en 2002 - il était alors prince héritier - et il est le premier roi saoudien en visite dans ce pays depuis des décennies.
L'un comme l'autre s'inquiètent de l'agitation politique provoquée par le chef du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, qui a dit en juin avoir appris de Hariri l'inculpation prochaine de membres "dévoyés" du mouvement pour le meurtre de son père.
Multiples discussions
Nasrallah a condamné l'enquête des Nations unies et suggéré au gouvernement, qui soutient cette procédure, de rejeter toute inculpation, des propos susceptibles de raviver les tensions entre chiites et sunnites, voire les violences de 2008.
Selon le numéro deux du Hezbollah, Naim Kassem, cité par la presse locale, la question d'un changement de gouvernement se posera si des membres du mouvement chiite sont la cible d'un "plan de division, concocté par ceux qui nous accuse".
Le tribunal, basé à La Haye, assure que le procureur prendra les actes d'inculpation lorsqu'il sera prêt mais que pour l'heure, ces rumeurs relèvent de la spéculation.
Le président libanais, Michel Souleïman, s'est entretenu avec les chefs d'Etat saoudien et syrien avant d'offrir un déjeuner auquel assistaient des hommes politiques libanais.
Par ailleurs, le souverain saoudien s'est rendu au domicile d'Hariri, tandis qu'Assad s'entretenait avec Nabih Berri, président pro-syrien du Parlement et que le ministre syrien des Affaires étrangères, Walid Loualem, rencontrait des députés du Hezbollah.
Un convoi motorisé a ensuite renconduit les chefs d'Etat à l'aéroport où l'on attendait l'arrivée de l'émir du Qatar.
Le ministre de l'Intérieur, Ziad Baroud, a déclaré à des journalistes que des efforts supplémentaires seraient nécessaires pour consolider les acquis du sommet de Beyrouth.
Jadis leader d'une large coalition antisyrienne, Saad Hariri avait initialement accusé Damas d'être derrière l'assassinat de son père. La Syrie a toujours nié toute implication.
Mais depuis qu'il a pris la tête du gouvernement, l'année dernière, il a renoncé à sa rhétorique hostile et s'est rendu dans la capitale syrienne à plusieurs reprises pour forger un rapprochement avec Assad, dans la lignée de la réconciliation entre celui-ci et Abdallah.