
La Cour internationale de justice a annoncé un avis consultatif favorable sur la déclaration unilatérale d'indépendance du Kosovo en 2008. Le président serbe Boris Tadic a réaffirmé que son pays ne reconnaîtra jamais l'émancipation du Kosovo.
Le président serbe, Boris Tadic, a souligné jeudi soir que le verdict de la Cour internationale de justice de La Haye ne changerait pas la position de son pays qui ne reconnaîtrait "jamais" l'indépendance du Kosovo. La Serbie considère toujours le Kosovo comme sa province méridionale.
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Saisie par la Serbie, la CIJ a émis mercredi l'avis, non contraignant, que la proclamation d'indépendance unilatérale de la province serbe du Kosovo "n'a pas violé le droit international général". Une décision qui sonne comme un revers diplomatique conséquent pour le pouvoir pro-européen de Belgrade et qui pourrait redynamiser la droite nationaliste qui a fait de cette question son cheval de bataille.
Le président serbe a assuré que le combat n'était pas fini et que les efforts diplomatiques de Belgrade allaient se tourner désormais vers l'Assemblée générale des Nations unies, en septembre. À ce jour, 69 pays ont reconnu officiellement le Kosovo qui a besoin de la reconnaissance d’au moins 100 pays pour être considéré comme un État à part entière.
M. Tadic a espéré que l'Assemblée générale permettrait d'adopter une "résolution qui appellera à résoudre ce problème historique (du Kosovo) et le conflit entre Serbes et Albanais par le biais de négociations". De son côté, le ministre serbe des Affaires étrangères, Vuk Jeremic a appelé à la poursuite de "la lutte pacifique, diplomatique et politique pour la sauvegarde de notre souveraineté et de l'intégrité territoriale de notre pays".
Problème, les autorités du Kosovo, qui se sont félicitées de l’avis de la cour, ne veulent pas entendre parler de négociations, en particulier sur leur indépendance. La décision de la cour ne peut que renforcer leur point de vue.
La Russie solidaire avec la Serbie
La Russie, alliée historique de Belgrade, est restée campée sur sa position d’hostilité à la reconnaissance de l'indépendance du Kosovo, proclamée le 17 février 2008. "Notre position sur la non-reconnaissance de l'indépendance du Kosovo reste inchangée", a déclaré jeudi le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a appelé les deux parties à mettre de côté leurs différents. "Nous appelons tous les États à dépasser la question du statut du Kosovo et à s'engager de façon constructive en faveur de la paix et de la stabilité dans les Balkans, et nous appelons les États qui ne l'ont pas fait à reconnaître le Kosovo", a-t-elle déclaré.
Les États de l'UE restent divisés sur la déclaration d'indépendance du Kosovo, que cinq pays des 27 membres n’ont toujours pas reconnu pas à ce jour : Espagne, Slovaquie, Roumanie, Grèce et Chypre.
Le ministre allemand des Affaires étrangères Guido Westerwelle a exhorté Serbes et Kosovars à s'orienter vers leur "avenir européen". Pour son homologue français, Bernard Kouchner, ancien représentant de la communauté internationale au Kosovo, l'indépendance de la province est "irréversible" et l'avis de la CIJ "marque une étape importante en mettant un terme au débat juridique sur cette question". Selon lui, l’avis de la cour "affirme clairement que la déclaration d'indépendance du Kosovo n'est contraire ni au droit international ni à la résolution 1244, comme la France l'avait toujours soutenue, et je m'en réjouis".
Le chef de la diplomatie française engage les autorités de chaque partie à trouver "la voie d'un dialogue politique afin de surmonter (...) les problèmes concrets demeurant entre Belgrade et Pristina, dans l'intérêt de tous, et d'abord de la communauté serbe du Kosovo."