La conférence des pays donateurs s'est achevée à Kaboul. La soixantaine de délégations présentes a fait part de son soutien au président Hamid Karzaï, qui souhaite négocier avec les Taliban et faire en sorte que son pays assume sa sécurité en 2014.
La conférence internationale des donateurs qui a réunit les représentants d'une soixantaine de pays s'est achevée mardi à Kaboul, sans incident de sécurité majeur. La communauté internationale a fait part de son soutien au président Hamid Karzaï, qui s'est fixé pour objectifs d'assumer la sécurité du pays en 2014 et de se réconcilier avec les Taliban. Elle a également insisté sur l'importance de faire transiter la moitié de l'aide internationale par le budget du gouvernement.
Neuf ans après l’invasion américaine et la chute du régime taliban, et alors que les forces américaines et de l'Otan connaissent des pertes sans précédent, la question du transfert du contrôle de la situation sécuritaire aux forces afghanes a été au cœur des discussions. Hamid Karzaï s'est dit "déterminé" à ce que l'armée et la police afghanes soient "responsables de toutes les opérations militaires et de sécurité dans le pays d'ici à 2014". Elles devraient également assumer entièrement la sécurité de certaines provinces d'ici la fin de l'année.
Transfert de responsabilités d'ici à 2014
"Cela signifie que les forces de la coalition ne mèneraient plus les opérations de combats contre les insurgés, mais agiraient seulement en soutien des forces armées afghanes, explique Mathieu Mabin, notre correspondant à Kaboul. Or, l'armée afghane n'en est qu'à ses balbutiements, malgré les efforts accomplis depuis 2001. La date de 2014 paraît donc bien ambitieuse. Cette conférence donne l'impression d'être déconnectée de la réalité."
À Kaboul, la secrétaire d'État américaine, Hillary Clinton, a toutefois défendu ce calendrier, affirmant que le processus de transition était "trop important pour être repoussé indéfiniment". Elle a également promis que les États-Unis resteraient "impliqués" dans le pays après juillet 2011, date à laquelle les troupes américaines commenceront à quitter l'Afghanistan. Le Premier ministre britannique David Cameron, qui a jugé mardi "réaliste" un transfert des responsabilités sécuritaires à l'horizon 2014, souhaite, pour sa part, un retour de tous les soldats britanniques au Royaume-Uni d'ici à l'été 2015.
itLe secrétaire général de l'Otan, Anders Fogh Rasmussen, a précisé que la transition "se fera graduellement, sur la base d'un examen sobre de la situation politique et sécuritaire". Les forces internationales resteront dans le pays pour assurer un rôle de soutien, a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie iranienne, Manouchehr Mottaki, a, lui, indiqué que l'augmentation des troupes étrangères dans le pays n'avait fait qu'y détériorer la situation sécuritaire en accroissant les violences.
Faire la paix avec ses ennemis
Les représentants des pays donateurs et des organisations internationales ont, d'autre part, affirmé leur soutien au programme de réconciliation visant les Taliban "modérés" qui combattraient pour l'argent et non par idéologie. "Les participants appuient le principe du Programme pour la paix et la réconciliation en Afghanistan ouvert à tous les membres afghans de l'opposition armée qui renoncent à la violence, n'ont pas de liens avec des organisations terroristes internationales et respectent la Constitution", écrivent-ils dans le communiqué final.
Cette déclaration confirme un changement de cap de la stratégie des États-Unis, qui se disent désormais prêts à négocier de façon indirecte avec des responsables taliban - politique soutenue depuis longtemps par les gouvernements afghan, pakistanais et britannique mais que Washington était jusqu'à présent réticent à envisager. "On ne fait pas la paix avec ses amis, a déclaré Hillary Clinton lundi soir. C'est un fait. Pendant un conflit, on fait la paix avec ceux qui sont de l'autre côté, ceux qui sont vos ennemis."
Également présent à Kaboul, le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a, lui, appelé les Afghans à faire preuve de "courage" pour faire la paix "avec les ennemis d'hier".
L'aide doit passer par le gouvernement
Les projets du gouvernement afghan tournent autour de quatre axes:
- Garantie de clareté dans l'utilisation des fonds
- Lutte active contre la corruption
- Augmentation des effectifs de l'armée et de la police
- Mise en place d'un programme pour inciter les Taliban à déposer les armes
Le communiqué final de la conférence indique enfin que la moitié de l'aide internationale devra dorénavant transiter par le budget du gouvernement, ce qui répond à une demande du président Karzaï. Celui-ci a en effet plaidé, ce mardi matin, pour un plus grand contrôle de l'aide par les autorités. Depuis la fin de 2001, seuls 20 % des quelque 40 milliards de dollars d'aides promis sont passés par les canaux gouvernementaux accusés d'être gangrenés par la corruption.
Hamid Karzaï a affirmé que la communauté internationale avait promis suffisamment d'argent pour les trois années à venir.
Cette conférence internationale - la plus grande jamais organisée dans la capitale afghane - a été placée sous haute sécurité. Plusieurs roquettes ont été tirées la nuit dernière à quelques kilomètres du ministère afghan des Affaires étrangères, où se tient la réunion, sans faire de victimes.