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Les troupes africaines à l'honneur lors du traditionnel défilé du 14-Juillet

Des détachements de 13 ex-colonies africaines de la France ont paradé sur les Champs-Élysées pour le défilé du 14-Juillet. Au grand dam des défenseurs des droits de l'Homme qui craignent la présence de criminels de guerre parmi les soldats africains.

Sous une pluie battante, des soldats de 13 anciennes colonies françaises ont paradé sur les Champs-Élysées pour le traditionnel défilé du 14-Juillet. Douze des 13 chefs d’État africains conviés à prendre part aux festivités ont assisté à la cérémonie sous la tribune présidentielle. Le président français, Nicolas Sarkozy, était entouré de ses homologues camerounais et burkinabè, Paul Biya et Blaise Compaoré. Brouillé avec Paris depuis la crise politique de 2002, le numéro un ivoirien, Laurent Gbagbo, a boudé les célébrations, mais était représenté par son ministre de la Défense.

De Paris à Brazzaville en passant par Cotonou, la participation de ces troupes africaines au défilé du 14-Juillet a soulevé une vive controverse. À l’appel de plusieurs  organisations de défense des droits de l’Homme, environ 700 manifestants s’étaient réunis mardi soir dans la capitale française pour dénoncer la présence de soldats coupables de "graves violations des droits de l’Homme" dans les rangs de certains détachements. L’Élysée a immédiatement démenti ces accusations.

"Troupes contestables dans leur pays"

Mardi sur le plateau de France 24, Olivier Thimonier, secrétaire général de l’association Survie, s’était ému du fait que des "troupes largement contestables dans leur pays, où elles ont commis un certain nombre d’exactions" puissent venir "célébrer une date symbole de la liberté". Dans le collimateur de l’organisation : l’armée tchadienne qui, à la faveur d’une opération de contre-insurrection lancée en février 2008, "a organisé l’enlèvement de l’opposant Oumar Mahamat Saleh".

La semaine dernière, un collectif d'ONG françaises et africaines avait alerté l’Élysée de la possible présence d'un général du Congo-Brazzaville, Noël Léonard Essongo, ancien membre des milices "cobra" soupçonné de crimes pendant la guerre civile de 1997 dans son pays.

"Qu’est-ce que c’est que ces histoires ?, a réagi le ministre français de la Défense, Hervé Morin, juste avant le début du défilé. Ce sont des pays avec qui nous avons des relations, des partenariats, je ne vois pas le sens du procès qu’on est en train de nous faire sur ces questions", s’est-il défendu.

L’ombre de la Françafrique

L’opposition, elle, a fustigé une résurgence de la Françafrique, dénonçant la "prise en main de la politique africaine par l’entourage du président". De son côté, le chef de l'État français s’est défendu de toute "nostalgie coloniale". "C’est le lien du sang que nous célébrons, le lien né de la contribution des troupes africaines à la défense et à la libération de la France", a-t-il écrit dans un message adressé aux participants du défilé, avant de rappeler : "Des milliers de soldats venus d’Afrique sont morts pour la France lors des deux guerres mondiales".

* Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Centrafrique, Congo-Brazzaville, Gabon, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, Sénégal, Tchad, Togo.