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Traqué de toute part, Raoul Moat, l'ennemi public numéro un du pays, se suicide

Recherché depuis une semaine, Raoul Moat, un videur de boite de nuit de 37 ans, s'est donné la mort, ce samedi. Il est soupçonné d'avoir abattu le nouveau compagnon de son ex-petite amie et d'avoir blessé celle-ci par balles, ainsi qu'un policier.

AFP - Une vaste chasse à l'homme menée depuis une semaine par la police britannique et suivie en direct par les caméras a pris fin dans la nuit de vendredi à samedi avec le suicide apparent du fugitif, meurtrier présumé, à l'issue de plusieurs heures de négociations.

"La police peut confirmer que Raoul Thomas Moat (...) est mort à l'hôpital tôt ce matin" samedi, a annoncé la police. "Après plusieurs heures de négociations entre Moat et la police (...), à environ 01H15 (00H15 GMT), il semble, selon les informations disponibles, qu'il se soit tiré une balle", a ajouté la police.

La police avait encerclé vendredi soir, dans le village de Rothbury, au nord de Newcastle (nord-est de l'Angleterre), Raoul Moat, videur de boîte de nuit de 37 ans, traqué après avoir abattu début juillet, peu après sa sortie de prison, le nouveau compagnon de son ex-petite amie et grièvement blessé celle-ci ainsi qu'un policier.

La chasse à l'homme, suivie en direct par les télévisions britanniques et impliquant quelque 160 policiers - groupes d'assaut, tireurs d'élite, commandos de Scotland Yard - soutenus par des blindés légers et des hélicoptères, avait permis de resserrer l'étau vendredi soir autour du fugitif aux abords de Rothbury.

La BBC a diffusé des images - granuleuses et verdâtres d'un objectif de vision nocturne - du dénouement, sous la pluie, où l'on entend un coup de feu et des aboiements.

"La police a découvert un homme correspondant au signalement de Raoul Thomas Moat (vendredi) vers 19H00 (18H00 GMT), sur les berges d'une rivière dans les environs de Rothbury", a expliqué le commissaire Mark Denett après le dénouement.

"Quand il a été découvert, il était armé. Des experts en négociation ont été dépêchés pour s'entretenir abondamment avec lui pendant plusieurs heures", a-t-il précisé, ajoutant qu'aucun policier n'avait été blessé.

Un mois après la virée sanglante d'un chauffeur de taxi qui a tué 12 personnes dans le nord-ouest de l'Angleterre avant de se donner la mort, le Royaume-Uni s'était découvert un nouvel ennemi public numéro 1.

Culturiste accro aux stéroïdes, repris de justice, amant violent, fils ingrat, père absent et désormais assassin: la presse britannique a taillé à Raoul Moat un costume de "bad boy".

Ce père de trois enfants, est soupçonné d'avoir tué par jalousie, dans la nuit du 2 au 3 juillet, le nouveau compagnon de son ancienne petite amie et d'avoir grièvement blessé celle-ci par balles, à Gateshead, dans la banlieue de Newcastle.

Il aurait ensuite froidement tiré, dans la nuit du 3 au 4, sur un policier en patrouille, le blessant grièvement.

Moat, qui a eu souvent maille à partir avec la police, serait mu par une haine générale de l'uniforme, qui aurait redoublé lorsqu'il aurait appris de la bouche de son ex-petite amie que son nouveau compagnon était lui-même policier.

Soucieuse de protéger ses agents, la police avait fermement démenti en expliquant que Samantha Stobbart, 22 ans, lasse des menaces et des coups, avait menti à Moat "pour lui faire peur".

Auteur et spectateur de ses dérives, Moat - carrure de boxeur, visage mafflu et coiffure à la mohican - était entré rapidement en contact avec les enquêteurs, comme s'il cherchait à s'expliquer. "Vous ne me prenez pas au sérieux", leur reproche-t-il alors.

"Monsieur Moat, nous vous prenons au sérieux", lui répond le commissaire Neil Adamson devant la presse. L'officier prendra l'habitude, à chacune de ses apparitions télévisées, de s'adresser directement au fugitif.

Lequel continue, lui aussi, à communiquer. Il laisse des lettres aux enquêteurs et à Samantha, pour lui dire qu'il regrette de l'avoir blessée. La jeune femme l'exhorte, par la voix du commissaire Adamson, à se rendre.

Les enquêteurs ont arrêté jusqu'ici six personnes soupçonnées d'avoir aidé le fugitif.