À la veille de la présentation de la réforme des retraites en conseil des ministres et en pleine affaire Bettencourt-Woerth, le chef de l'État, pressé de s'exprimer par la majorité, doit participer à une émission spéciale sur France 2 lundi soir.
AFP - Pressé par sa majorité de parler pour tenter d'éteindre l'incendie de l'affaire Bettencourt/Woerth, Nicolas Sarkozy fait le pari que son intervention télévisée lundi viendra clore près de quatre semaines de polémiques.
Le chef de l'Etat s'exprimera dans une émission spéciale de France 2 pendant une heure, lundi à partir de 20H15.
Le moment n'est pas choisi par hasard.
A la veille de la présentation de la réforme des retraites en Conseil des ministres - exceptionnellement avancé à mardi pour cause de 14 juillet -, le président veut prendre le temps d'expliquer l'importance qu'il attache à cette réforme impopulaire.
Et surtout il devrait réaffirmer son soutien au ministre qui la porte depuis trois mois, Eric Woerth.
Le ministre du Travail en a d'autant plus besoin qu'il est au coeur d'une tempête inédite sous la présidence Sarkozy, visé par des accusations de conflit d'intérêts en raison de la proximité de son couple avec la richissime famille Bettencourt, et désormais soupçonné de financement politique illégal depuis les accusations de leur ex-comptable au site d'information Médiapart.
Alors que la majorité fait bloc derrière Eric Woerth et s'en prend avec virulence aux "manipulations" de la presse, voire aux "méthodes fascistes" de Médiapart, Nicolas Sarkozy lui-même a déjà exprimé tout le bien qu'il pense de son ministre.
"Eric est l'honnêteté faite homme", déclare-t-il le 30 juin en recevant des députés UMP à l'Elysée. Pas question de le limoger du gouvernement car "ça voudra dire qu'il y a donc quelque chose" à lui reprocher.
Le 6 juillet, alors que les déclarations explosives de l'ex-comptable sur le financement de la campagne présidentielle de 2007 font la une des médias, Nicolas Sarkozy, également mis en cause, dénonce la "calomnie" visant à "salir sans aucune espèce de réalité".
Deux jours plus tard, l'ex comptable dément qu'il ait pu percevoir lui aussi des enveloppes d'espèces. Première éclaircie pour le président.
Et si le rendez-vous télévisé de lundi satisfait ceux qui plaidaient pour qu'il descende dans l'arène et s'explique devant les Français, Nicolas Sarkozy ne devrait pas pour autant suivre d'autres appels - à gauche mais aussi dans son camp - à un large remaniement ministériel.
"Notre priorité politique, ce n'est pas le remaniement", a assuré François Fillon mercredi. Selon l'Elysée, le président qui a confirmé le 30 juin son souhait d'un remaniement en octobre n'a pas changé de calendrier.
Dimanche dernier les démissions de deux secrétaires d'Etat mis en cause pour leur usage des deniers publics avaient suscité des commentaires acides : "Un écran de fumée pour protéger Woerth !", avait lancé une source gouvernementale.
Sur le plan judiciaire, l'étau ne s'est pas desserré autour du ministre du Travail. Le parquet de Nanterre a ouvert vendredi une troisième enquête préliminaire, dont le cadre pourrait, en toute logique, conduire à une demande d'audition de M. Woerth.
Elle vise le contenu d'enregistrements pirates suggérant notamment que des opérations financières pour échapper au fisc ont été menées par la société de gestion dont l'épouse du ministre a été salariée pendant deux ans et demi.
Dans les écoutes, Patrice de Maistre, patron de cette société, affirme qu'il a embauché fin 2007 Florence Woerth à la demande du ministre, alors chargé du Budget et déjà trésorier de l'UMP.
Face au soupçon, un rapport a été commandé par le gouvernement à l'Inspection générale des Finances (IGF), destiné à contrer ceux qui doutent de l'absence de toute intervention de M. Woerth dans le dossier fiscal de Mme Bettencourt. Sa publication est attendue lundi pour coïncider avec la prise de parole présidentielle.