Bronislaw Komorowski, actuel président par intérim depuis le décès de Lech Kaczynski et candidat libéral à l'élection présidentielle en Pologne, est donné gagnant avec 53,1% des voix, dimanche, par les sondages à la sortie des urnes.
AFP - Le candidat du parti libéral au pouvoir en Pologne Bronislaw Komorowski a été élu lors de l'élection présidentielle de dimanche après un duel serré avec le conservateur Jaroslaw Kaczynski, jumeau du président tué dans un accident d'avion en avril, selon deux sondages.
"Je félicite le vainqueur. Je félicite Bronislaw Komorowski", a déclaré M. Kaczynski dans un discours prononcé après l'annonce des résultats des sondages.
"Les divisions sont un élément inséparable de la démocratie. Mais j'ai l'impression que ces différences, ces divisions, cette douleur de la division sont trop grands", a déclaré de son côté M. Komorowski.
"Il y a un grand travail à faire pour que ces divisions ne nous empêchent pas de coopérer, n'entravent pas la construction d'une entente nationale", a-t-il ajouté.
M. Komorowski, allié du Premier ministre pro-européen Donald Tusk, a recueilli 53,1% des voix contre 46,9% pour M. Kaczynski, selon le sondage de l'institut TNS OBOP effectué à la sortie des bureaux de vote et diffusé par la chaîne publique de télévision TVP.
Le taux de participation a été de 56,2%, précise cette même enquête.
Un autre sondage effectué à la sortie des bureaux de vote pour la chaîne privée TVN donne un score de 51,09% à M. Komorowski et de 48,91% à son adversaire du parti eurosceptique Droit et Justice. La participation a été de 52,4% selon cette enquête.
"Une petite bouteille de champagne maintenant, mais pour la grande on attendra lundi", a lancé M. Komorowski, prudent, dans une allusion à l'attente des résultats officiels définitifs.
Cette élection faisait suite à l'accident d'avion qui a coûté la vie le 10 avril en Russie au président Lech Kaczynski, à son épouse et à 94 autres personnes dont de nombreux hauts responsables politiques et militaires, et traumatisé le pays.
La victoire de M. Komorowski, candidat du parti libéral Plateforme civique (PO), soutenu principalement par les bénéficiaires des réformes économiques menées en Pologne après la chute du communisme, permettra si elle se confirme à cette formation de prendre entièrement les rênes du pays.
Les derniers sondages avant le scrutin annonçaient une lutte serrée et les analystes s'accordaient à dire que l'abstention allait jouer un rôle clé en cette période de vacances et pourrait agir en faveur de M. Kaczynski, dont les électeurs sont plus disciplinés.
Il y a cinq ans, le frère jumeau de Jaroslaw Kaczynski, Lech, avait créé la surprise en rattrapant et dépassant le candidat Donald Tusk entre les deux tours.
"En dépit des vacances, les électeurs des deux candidats se sont mobilisés", a dit à l'AFP Eryk Mistewicz, spécialiste en marketing politique.
Près de 836.000 électeurs, un chiffre record, s'étaient munis d'une autorisation de voter hors de leur lieu de résidence.
La campagne électorale, plus calme que d'habitude car marquée par la mort du chef de l'Etat puis assombrie par des inondations dévastatrices, a malgré tout creusé les divisions entre une Pologne conservatrice, celle des petites villes et campagnes, dans l'ensemble plus âgée et moins éduquée, et une Pologne des grandes villes, plus jeune et plus ouverte au monde.
Jaroslaw Kaczynski s'est efforcé de faire oublier son style intransigeant, son art de diviser et les blocages répétés des institutions européennes qui ont marqué le temps où il était le Premier ministre de son frère, de juillet 2006 à novembre 2007.
M. Komorowski, peu charismatique, s'est lui aussi posé en rassembleur sous le slogan "L'entente est constructive", qui sous-entend que son élection, si elle a lieu, mettra fin à une cohabitation difficile entre le gouvernement libéral de Donald Tusk et l'opposition conservatrice qu'avait représentée le président Lech Kaczynski.