
Lors de l'inauguration de la mosquée d'Argenteuil, le Premier ministre a appelé les musulmans de France à se dresser contre le détournement du message religieux. M.Fillon s'est dit conscient des discriminations dont ils sont victimes.
REUTERS - François Fillon a appelé lundi les musulmans de France à prendre leurs distances avec l'extrémisme, une semaine avant le début de l'examen du projet de loi sur l'interdiction du voile intégral.
Le Premier ministre a inauguré une mosquée à Argenteuil, dans la banlieue parisienne, une première pour un dirigeant de ce niveau sous la Ve République.
itUn geste considéré par l'opposition socialiste comme une manière de réparer la "faute" du débat sur l'identité nationale.
Dans un discours devant la communauté musulmane, le Premier ministre a qualifié le port de la burqa de "caricature" de l'islam, invitant à faire "gagner l'intelligence contre
l'obscurantisme".
"Il ne faut pas s'y tromper: en renvoyant une image sombre et sectaire, les personnes qui dissimulent leur visage au prétexte de leur foi sont consciemment ou non les opposantes à l'islam de France que vous avez contribué à construire", a dit
François Fillon à propos du port du voile intégral. "L'islam de France, l'islam que vous vivez au quotidien n'a rien à voir avec cette caricature qui abaisse les lumières de
votre foi", a-t-il ajouté. "Il n'a rien à voir avec cet extrémisme qui méprise votre adhésion pleine et entière au principe laïc et républicain de la France et c'est pour cela que vous devez vous dresser au premier rang contre ce détournement
du message religieux".
"C'est à vous les premiers de faire gagner l'intelligence contre l'obscurantisme, de faire gagner la tolérance contre l'intolérance", a ajouté le Premier ministre, dont le discours a été salué par des applaudissements et des youyous, le long cri de joie que poussent les femmes au Moyen-Orient et au Maghreb.
DISCRIMINATIONS
Dans le projet de loi qui sera discuté au Parlement à partir du 6 juillet, le gouvernement propose d'interdire la dissimulation du visage dans l'espace public, assortie d'une période de "pédagogie et de communication de six mois".
"Le constat est unanime: cette pratique minoritaire qui bafoue les règles fondamentales du vivre ensemble et qui heurte nos concitoyens correspond à un comportement radical qui ne reflète pas la réalité de l'islam", a dit François Fillon à
Argenteuil.
"Il s'agit pour le gouvernement de rappeler les règles fondamentales de la vie en société", a-t-il poursuivi.
Le Premier ministre s'est dit conscient des dicriminations dont sont victimes les musulmans de France.
L'an dernier, "30% des faits de violences racistes, des menaces dans la très grande majorité des cas, ont visé des personnes de confession musulmane", a-t-il rappelé. "Six lieux de culte musulman ont été victimes d'actes de malveillance et au début de cette année, nous avons été émus par des profanations de tombes musulmmanes et de mosquées".
Le maire socialiste d'Argenteuil, Philippe Doucet, a dit voir dans l'inauguration de la mosquée par le Premier ministre une manière de "rattraper la faute qu'a été le débat sur l'identité nationale".
"Ils (les membres du gouvernement-NDLR) ont bien vu que là ils avaient fait une faute politique, il vont entrer dans le débat sur la burqa, donc il fallait qu'ils puissent trouver le moyen de rattraper cette faute politique", a-t-il dit sur LCI.
Philippe Doucet a par ailleurs jugé "extrêmement dommageable" l'absence de Brice Hortefeux, ministre de l'Intérieur et des Cultes, à l'inauguration de la mosquée. Sa
présence avait été initialement annoncée