À plus de 90 %, les membres de la Société des rédacteurs du "Monde" ont voté en faveur de l'offre de reprise du quotidien proposée par Pierre Bergé, Xavier Niel et Matthieu Pigasse. Une offre qui n'a pas la préférence de l'Élysée...
AFP - L'offre de reprise du groupe Le Monde par le trio d'hommes d'affaires Bergé-Niel-Pigasse a été plébiscitée vendredi par les salariés et notamment par la Société des Rédacteurs du Monde (SRM) qui s'est prononcée à 90,84% en faveur de cette proposition.
Le projet du trio désormais favori pour sauver le quotidien n'aurait toutefois pas les faveurs de l'exécutif. Le directeur du Monde, Eric Fottorino, l'avait indiqué il y a quelques semaines à ses troupes après une rencontre avec Nicolas Sarkozy à l'Elysée.
La SRM qui compte quelques 360 journalistes, actuels ou retraités du quotidien s'est prononcée en Assemblée Générale. La veille les deux équipes de candidats à la reprise avaient planché devant les journalistes du Monde pour détailler leurs propositions.
Auparavant la Société des Cadres du Monde (SCM) et la Société des Employés du Monde (SDEM) avait voté à une large majorité en faveur de l'offre Bergé-Niel-Pigasse (94,90% chez les cadres et 100% chez les employés).
Quant aux quelque 400 salariés des magazines du groupe (Télérama, Courrier international, La Vie, Ulysse, Prier, Le Monde des Religions) ils se sont également exprimés massivement, avec des scores de 80 à 92%, en faveur de l'offre Bergé-Pigasse-Niel.
En revanche un groupe d'actionnaires internes représentant 8,7% du capital, l'Association Hubert Beuve-Méry, a donné sa préférence à l'offre menée par Claude Perdriel avec Orange et le groupe espagnol Prisa.
Sur le délicat dossier du sauvetage du Monde, rumeurs et contre-rumeurs ont ponctué ces dernières semaines. Certains protagonistes ont soigneusement évité les apparitions publiques. Claude Perdriel expliquait ainsi ne s'être rendu à aucune réception ou rencontre qui aurait pu donner lieu à des interprétations fantaisistes.
Le nom du conseiller Alain Minc, ancien président du Conseil de surveillance du Monde, est apparu régulièrement derrière tel ou tel candidat. Et les rumeurs sont allées bon train.
Ainsi, le Figaro.fr le fait déjeuner avec les dirigeants de Prisa le jour même de leur audition devant les journalistes du Monde. Ce qu'Alain Minc dément fermement. De même, la semaine d'avant il est donné participant à une réunion à l'Elysée avec Xavier Niel et Maurice Lévy, l'influent patron de Publicis. Une rumeur étonnante rapidement balayée.
Le dossier avait pris une tournure politique après que le directeur du Monde, Eric Fottorino, eut été convié par le président de la République pour lui faire part de sa préférence, provoquant une cascade de réactions indignées.
Nicolas Sarkozy lui avait alors indiqué que l'offre Bergé-Pigasse-Niel (dite offre BNP) ne trouvait pas grâce à ses yeux et c'est justement cette offre qui a choisie par les journalistes.
De nombreux commentateurs ont aussi vu la "main de l'Elysée" derrière l'entrée en piste de France Télécom, ce que ses dirigeants se sont attachés à démystifier.
Le Conseil de surveillance doit se prononcer lundi sur le choix du repreneur. Compte tenu de la répartition des 20 voix au sein du Conseil entre représentants des sociétés de personnels et de journaliste d'un coté, administrateurs représentants des actionnaires extérieurs de l'autre, les deux offres pourraient se trouver au coude à coude avec une égalité de voix.
Cette hypothèse, techniquement possible, est toutefois considérée comme peu probable par plusieurs membres du Conseil.
Quand le repreneur sera choisi, il devra avancer 10 millions d'euros pour pallier les difficultés de trésorerie du groupe et engager aussitôt des négociations exclusives sur la recapitalisation qui se concluraient à la fin de l'été.