
Le journal "L'Équipe" rapporte que Nicolas Anelka a copieusement insulté son entraîneur à la mi-temps du match contre le Mexique. Une attitude qui pourrait mettre fin à sa première participation à une Coupe du monde.
REUTERS - Nicolas Anelka doit être exclu de l’équipe de France s’il a insulté Raymond Domenech, a déclaré samedi Christian Teinturier, vice-président de la Fédération française de football, alors que certains joueurs laissent transparaître leur malaise depuis jeudi.
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Le journal L’Equipe rapporte que Nicolas Anelka a proféré des injures à l’encontre du sélectionneur jeudi à la mi-temps de la défaite 2-0 contre le Mexique. Ce revers laisse peu de chances à la France de se qualifier pour les huitièmes de finale de la Coupe du monde de football avant son dernier match mardi contre l’Afrique du Sud.
L’encadrement des Bleus n’était pas joignable samedi à Knysna, où ils sont installés.
Prié de dire sur France Info si Anelka devait être exclu de l’équipe de France, Christian Teinturier a répondu: « Oui. Que voulez-vous qu’on fasse? Ça me paraît évident. Si les mots qu’on vient d’entendre ont été employés, il n’a plus rien à faire là-bas. »
Nicolas Anelka a pourtant participé normalement vendredi à l’entraînement des Bleus à Knysna.
Dignité
« Si les mots exactement ont été dits, je ne comprends pas même qu’il ait été sur le terrain hier. Il aurait dû être expulsé tout de suite ou s’excuser. Il ne peut pas réapparaître sous un maillot d’entraînement de l’équipe de France, ce n’est pas normal. On n’a pas le droit de faire cela », a insisté Christian Teinturier, seul membre du conseil fédéral à ne pas avoir voté en faveur de la reconduction de Raymond Domenech après l’élimination dès le premier tour de l’Euro 2008.
Roselyne Bachelot a aussi condamné les propos attribués à Nicolas Anelka, sans le citer.
« La très forte pression qui pèse sur les Bleus n’autorise pour autant aucun dérapage », écrit la ministre des Sports dans un communiqué.
« Les joueurs doivent se rappeler qu’ils portent les couleurs de la France et qu’ils sont considérés comme des modèles par beaucoup de jeunes. Cela les oblige à la retenue et à la dignité », ajoute-t-elle.
Interrogé par Reuters, Just Fontaine, détenteur du record de buts en une Coupe du monde en 1958, a lui aussi jugé qu’il fallait « virer Anelka ».
Si elles sont avérées, les insultes de Nicolas Anelka rappellent celles proférées par Eric Cantona contre Henri Michel en 1988. Non retenu pour un match de l’équipe de France, l’attaquant avait traité le sélectionneur de l’époque de « sac à merde ». Cantona n’avait plus été rappelé par Henri Michel jusqu’au limogeage de ce dernier quelques mois plus tard.
Dégoûté
Les propos attribués à Anelka démentent aussi les multiples déclarations des joueurs qui, depuis le début de la préparation au Mondial, n’ont cessé de vanter la bonne ambiance du groupe.
Lors du stage à Tignes en mai, les Bleus se sont réunis pour se promettre une solidarité sans faille afin de ne pas revivre les dissensions de l’Euro 2008. Ce pacte semble ne pas avoir résisté à la détérioration des résultats.
Depuis jeudi soir, le discours a changé et les rares joueurs qui s’expriment encore publiquement peinent à cacher une forme de malaise dans le groupe.
Interrogé sur la défaite contre les Mexicains, Patrice Evra a lâché: « Je ne l’ai pas vue venir mais après il y a d’autres choses que tu vois un peu plus venir mais ça, ça reste entre nous. »
« En début de stage, je pensais honnêtement que (les leçons de l’Euro 2008) avaient été retenues (...). Je suis dégoûté », a ajouté le capitaine.
Si mesuré habituellement, Hugo Lloris a refusé de livrer ses sentiments de peur d’en dire trop.
Jérémy Toulalan a pour sa part regretté que tous les joueurs ne se sacrifient pas pour le bien de l’équipe.
« On peut se dire toutes les bonnes choses du monde, si sur le terrain on ne fait pas les efforts les uns pour les autres... », a-t-il dit, en admettant que les joueurs n’étaient pas « les meilleurs amis du monde ».
Proche de Yoann Gourcuff, Jérémy Toulalan a reconnu que le meneur de jeu avait du mal à se comprendre avec Franck Ribéry sur le terrain. Face au Mexique, Raymond Domenech a sacrifié Gourcuff pour laisser le champ libre à Ribéry, sans plus de résultat que contre l’Uruguay.
Prié de dire jeudi soir à Polokwane s’il avait le sentiment d’assister en Afrique du Sud à une répétition de l’échec de 2008, Raymond Domenech a admis: « On n’en est pas loin. »