Rosa Otounbaïeva s'est rendue à Och, dans le sud du Kirghizstan, afin de s'adresser aux populations touchées par le conflit interethnique qui ravage le pays depuis plusieurs semaines.
AFP - La présidente par intérim du Kirghizstan, Rosa Otounbaïeva, est arrivée vendredi dans le sud de ce petit pays d'Asie centrale pour tenter d'apaiser les tensions après des violences interethniques meurtrières, a constaté un journaliste de l'AFP.
Venue de la capitale Bichkek, située à environ 300 km au nord, Mme Otounbaïeva a atterri à Och, deuxième ville du pays particulièrement touchée par les violences, avant de se rendre en hélicoptère au centre-ville.
"Je suis venue ici pour parler avec les gens et écouter ce qu'ils disent sur ce qui s'est passé", a déclaré la présidente par intérim portant un gilet pare-balles devant un petit nombre de personnes sur la place centrale d'Och.
Elle a fustigé les critiques selon lesquelles le gouvernement provisoire, arrivé au pouvoir après le soulèvement d'avril, était incapable de faire cesser les violences entre Kirghiz et la minorité ouzbèke et de gérer la crise humanitaire qui a fait au moins 400.000 réfugiés et déplacés, selon l'ONU.
"Laissez nous un peu d'espoir! Arrêtez de répéter que nous ne faisons rien", a lancé Mme Otounbaïeva.
La présidente par intérim avait appelé la Russie à fournir une aide militaire après l'explosion des violences en fin de semaine dernière, mais le gouvernement intérimaire avait fait savoir par la suite qu'il pouvait gérer seul la situation.
Mme Otounbaïeva devait visiter un hôpital et rencontrer des responsables de la région d'Och mais ne se rendra pas dans les quartiers ouzbeks dévastés où de nombreuses maisons ont été incendiées lors des violences entre des Kirghiz et la minorité ouzbèke.
La présidente par intérim a tenté de minimiser les tensions ethniques entre les deux communautés. "Nous avons toujours vécu ensemble et nous vivrons toujours ensemble", a-t-elle dit.
Alors que le bilan réel serait de plusieurs centaines de morts, des victimes ont indiqué à l'AFP que les violences avaient été fomentées par des milices armées de Kirghiz dans les quartiers ouzbeks.
Dans une interview avant son voyage, Mme Otounbaïeva a reconnu que le nombre de victimes des violences qui ont duré plusieurs jours pourrait être dix fois plus élevé que le bilan officiel faisant état d'au moins 191 morts et 2.000 blessés.
"Je multiplierais par dix les chiffres officiels", a déclaré Mme Otounabaïeva au quotidien russe Kommersant.
"Il y a eu beaucoup de morts à la campagne et la coutume veut que les morts soient enterrés très vite avant le coucher du soleil", a-t-elle ajouté.
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