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Fait extrêmement rare, la rencontre entre Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, prévue à Berlin ce lundi soir, a été repoussée - à la dernière minute - au 14 juin. Les accrochages entre les deux pays se sont multipliés ces dernières semaines.

AFP - La rencontre entre la chancelière allemande Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy prévue lundi soir à Berlin a été repoussée in extremis au 14 juin.

"Les consultations prévues ce soir entre la chancelière Angela Merkel et le président français Nicolas Sarkozy sont repoussées d'une semaine pour des raisons de calendrier", selon un communiqué de la chancellerie.

"Sur proposition de la Chancellerie, la rencontre (...) se tiendra à Berlin le lundi 14 juin à 17h00" locales, précise un communiqué de l'Elysée.

L'annulation in-extremis d'une rencontre bilatérale de ce type est extrêmement rare.

Elle a été annoncée alors que Mme Merkel présentait les grandes lignes du budget allemand 2011, qui prévoit des coupes drastiques afin de réduire le déficit public de la première économie européenne.

Angela Merkel, en berne dans les sondages tout comme Nicolas Sarkozy, se trouve en position inconfortable sur son front politique intérieur depuis la démission surprise du président Horst Köhler la semaine dernière et un désaveu aux régionales de mai en Rhénanie (ouest).

L'élaboration du projet de budget fut difficile et Mme Merkel devait en fin de journée défendre le texte devant les chefs de groupe parlementaire.

M. Sarkozy et Mme Merkel avaient prévu un dîner de travail notamment pour préparer le sommet européen de Bruxelles du 17 juin ainsi que les prochaines réunions des G8 et G20 au Canada.

Depuis trois mois, les accrochages se sont multipliés de part et d'autre du Rhin autour de la gouvernance économique de l'Europe et des réticences de Berlin à voler au secours de la Grèce.

La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a lancé publiquement des coups de griffe contre l'Allemagne, dénonçant pêle-mêle son excédent commercial insupportable pour ses voisins de la zone euro ou sa décision d'interdire certaines ventes à découvert d'obligations d'Etat.

A demi-mots, la France reproche aussi à sa voisine d'avoir retardé le plan de sauvetage de la zone euro. "En janvier, ça nous aurait coûté 15 milliards, aujourd'hui, 750 milliards", s'est-on agacé à Paris.

C'est dans ce climat houleux qu'Angela Merkel et Nicolas Sarkozy devaient aussi tenter d'accorder leurs violons sur la coordination des politiques économiques européennes, alors que le président de l'Union européenne (UE) Herman Van Rompuy devait présenter lundi ses premières propositions sur ce thème.

Ce dossier a longtemps empoisonné les relations entre les deux pays, Berlin refusant de sacrifier son orthodoxie budgétaire sur l'autel de l'Europe.

Le mois dernier, la chancelière appelait encore l'Europe à adopter "une nouvelle culture de la stabilité" sur le modèle allemand qui a, selon elle, "plus que fait ses preuves".

Partisan ardent et de longue date d'un "gouvernement économique de l'Europe", le président français est déterminé à avancer. Mais, contrairement au passé, sans heurter de front sa partenaire.

Ces dernières semaines, Nicolas Sarkozy s'est abstenu d'étaler au grand jour ses divergences avec Angela Merkel, pour ne pas la gêner dans les affaires de politique interne ou alimenter la spéculation contre l'euro. "Il ne peut pas y avoir de désaccords entre l'Allemagne et la France sur des sujets de cette importance", a-t-il argumenté en mai.

Sur un mode très optimiste, Paris assure que Berlin, qui insistait jusque-là plutôt sur une coordination au niveau de l'UE, n'est plus hostile à un gouvernement économique de la zone euro.

"Tout le monde est d'accord sur la nécessité de la coordination et personne ne conteste plus que ce pilotage doive se faire au niveau des chefs d'Etat et de gouvernement", estime-t-on à la présidence française.

La France défend l'idée de réunions régulières des chefs d'Etat et de gouvernement de l'Eurogroupe et même de créer un "secrétariat" des seize. "Mais le débat reste ouvert à ce stade", assure l'Elysée.