Alors que le raid israélien contre la flottille continue de susciter un tollé international, des groupes, à l'instar des Américains de Pixies (photo), annulent leur date en Israël. Des désistements qui provoquent l'ire des programmateurs.
L’attaque de la flottille au large de la bande de Gaza n’en finit plus de faire des remous. Après les condamnations officielles, ce sont désormais des artistes qui affichent leur indignation en annulant les concerts qu’ils devaient donner en Israël.
Le mythique groupe américain des Pixies évoque des "événements indépendants" de sa volonté pour justifier sa décision de ne finalement pas honorer ce qui devait être son premier concert en Israël. Si les rockeurs ne mettent pas clairement en relation cette annulation de dernière minute et le raid meurtrier mené par Israël, peu de doute subsistent quant aux motivations réelles de cette volte-face.
"Ils auraient dû venir ici et dire librement sur scène tout ce qu’ils voulaient"
"Nous ne pensons pas que ce soit la bonne manière de faire, ils n’envoient pas le moindre message à travers cette annulation. Ils auraient dû venir ici et dire librement sur scène tout ce qu’ils voulaient, Israël est un pays démocratique, déclare Moran Paz, qui travaille pour le producteur israélien du concert, Shuki Weiss. Quoi qu’il en soit, c’est une énorme déception, qui intervient après des mois de travail."
Particulièrement fréquentes dans le pays, les annulations d’artistes interviennent le plus souvent pour des raisons de sécurité. "C’est la première fois qu’un artiste annule à la dernière minute en raison d’un boycott", indique Moran Paz, qui rappelle que si le groupe britannique Depeche Mode avait annulé en 2006 en raison du conflit israélo-libanais, il s’était finalement produit quelques années plus tard.
Annulations en série
Quelques jours avant les Pixies, deux groupes britanniques réputés, Gorillaz et Klaxons, avaient eux-aussi déçu leurs fans israéliens en annonçant, sans donner plus de raison, qu’ils ne se produiraient finalement pas lors d’un festival de musique organisé cette semaine à Tel Aviv.
Au milieu de cette récente vague de désistements sans explication, le rockeur anglais Elvis Costello a, lui, clairement expliqué pourquoi il renonçait à son concert dans l’État hébreu. Le chanteur engagé a directement mis en relation "l’intimidation et l’humiliation des civils palestiniens" avec sa décision de ne pas se rendre dans le pays. Comme d’autres artistes avant lui, tel le guitariste Carlos Santana, le musicien répond ainsi favorablement à des organisations pro-palestiniennes qui demandent aux vedettes internationales de ne pas se rendre en Israël.
Des fans israéliens écrivent aux Pixies
Mais les demande de boycott n’émanent pas que du côté palestinien, un groupe israélien a lui aussi demandé aux Pixies de ne pas venir chanter dans leur pays. Ces universitaires ont écrit une lettre pour rappeler au groupe américain quelques paroles de sa chanson "River Euphrates", sortie en 1988 : "Bloqué ici à cours d’essence, ici dans la bande de Gaza, à force de vouloir y aller trop vite".
Se présentant comme des fans du groupe, ils leur ont demandé de délaisser leur pays, se privant ainsi eux-mêmes d’assister à un concert de leurs idoles. "Que ces paroles soient une métaphore ou qu’elles fassent effectivement référence à des pénuries d’essence, on ne peut s’empêcher d’y voir une résonance avec ce qui se passe aujourd’hui dans la bande de Gaza", ont-ils expliqué.
Les fans de musique israéliens vont-ils devoir désormais se rendre à l’étranger pour assister à certains concerts ? La retentissante annulation des Pixies marque-t-elle le début d’un mouvement plus profond ? "J’espère sincèrement que nous n’en arriverons pas là", veut croire Moran Paz. Elle assure d’ailleurs que le groupe britannique qui devait jouer en première partie des Pixies a bien confirmé sa présence. Quant au prochain grand concert dans le pays, celui d’Elton John le 17 juin prochain, ses producteurs indiquent que l’artiste n’a aucune intention d’annuler.