
L'euro est passé sous la barre des 1,20 dollar pour la première fois depuis 2006. Sous ce seuil, plusieurs économistes estiment qu'on peut réellement parler de crise de l'euro.
AFP - L'euro a chuté sous les 1,20 dollar et les Bourses ont plongé dans le rouge vendredi, plombés par des chiffres décevants de l'emploi américain et la crainte d'une contagion de la crise de la zone euro.
Le pétrole perdait plus deux dollars, sous les 73 dollars le baril.
En clôture, la Bourse de Londres a terminé en baisse de 1,63%, Paris de 2,86%, Francfort de 1,91%, Madrid de 3,80%, Milan de 3,79% et Athènes 5,03%. Vers 15h30 GMT le Dow Jones à New York perdait plus de 2%.
Aux Etats-Unis, le chômage a reculé en mai à 9,7%, mais les créations nettes de postes (431.000) étaient moins bonnes que les 500.000 attendues.
Les marchés restaient aussi inquiets du marasme économique de l'Europe, qui a fait tomber l'euro sous le seuil de 1,20 dollar pour la première fois depuis mars 2006. Vers 15h35 GMT, il affichait 1,1993 dollar.
Il a chuté jusqu'à 1,2038 dollar en mi-journée, son plus bas depuis le 3 avril 2006.
En effet, les analystes de la banque HSBC ont abaissé vendredi leur recommandation sur l'Europe, hors Royaume-Uni, de neutre à sous-pondérée, car "il reste encore beaucoup trop d'incertitudes sur la santé des banques, sur l'avenir de l'euro, sur les dettes souveraines, et sur la croissance pour prendre des risques sur cette région actuellement".
Un nouveau front de la crise en Europe s'est ouvert en Hongrie, où le forint, la Bourse de Budapest ainsi que les couvertures de défaillance de la dette hongroise (CDS, Credit Default Swap) ont dégringolé après des déclarations alarmistes sur la situation économique du pays par des hommes forts du parti au pouvoir, le Fidesz. En 24 heures, le forint a perdu 5,5%.
Ces craintes poussaient les cambistes à se réfugier auprès d'investissements plus sûrs comme le billet vert, et le franc suisse.
Le franc suisse a ainsi atteint vendredi son plus haut historique face à la monnaie européenne, à 1,3867 franc suisse pour un euro, avant de se relâcher quelque peu à 1,3943 vers 15h50 GMT.
Mais le Premier ministre français François Fillon s'est voulu rassurant, estimant que la baisse de l'euro était une "bonne nouvelle" à même de doper les exportations de la zone euro.
Dernier facteur de baisse sur les places de Paris et Londres, le recul de la Société Générale de 7,58%, affectée par des rumeurs de pertes sur ses activités de produits dérivés, que la banque a pourtant démenties.
La journée avait pourtant bien commencé, les marchés européens affichant une hausse prudente après la confirmation d'une croissance de 0,2% en zone euro. Un chiffre qui n'a pas provoqué d'euphorie car il s'agit d'une croissance molle, qui succède à un quatrième trimestre 2009 également faible.
Pour l'instant, la baisse de l'euro n'inquiète pas la Chine: selon le gouverneur de la Banque centrale chinoise Zhou Xiaochuan, l'impact de la crise de la dette en Europe sur les exportations chinoises devrait être limité.
La France a appris en fin de journée encore une mauvaise nouvelle: l'agence de notation Standard and Poor's a dégradé d'un cran la dette de la SNCF, estimant que "les règles européennes pourraient rendre plus difficile un éventuel soutien financier" du gouvernement français.