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Au pays où la spéculation est interdite, l'économie se porte bien

Malgré son instabilité politique et une importante dette publique, le Liban échappe à la crise économique. Explications de Riad Salamé, gouverneur de la Banque centrale du Liban.

Riad Salamé est, depuis 1993, gouverneur de la Banque centrale du Liban (BCL). Un poste stratégique dans un pays qui peine à trouver une stabilité politique et sécuritaire depuis l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri, en 2005. Pourtant, ni la crise des subprimes qui a éclaté en 2006, ni les déboires des économies européennes en 2010 n'ont ébranlé le pays du Cèdre. Selon les observateurs, l’action de Riad Salamé y est pour beaucoup.

Élu meilleur gouverneur de banque centrale en 2006 par le magazine Euromoney et en 2009 par The Banker Magazine, il jouit d'une renommée internationale. De passage à Paris, il explique à France 24 comment le système bancaire de son pays a échappé à la crise financière internationale alors que le Liban ploie sous une dette publique de 50 milliards de dollars (40,7 milliards d’euros), soit 150 % de son PIB. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle de la Grèce, dont la dette s'élève à quelque 113 % de son  PIB...

La croissance au rendez-vous
Malgré cette situation, Riad Salamé aime à rappeler que le système financier libanais jouit de la confiance des marchés. "Le système libanais a fait ses preuves malgré un environnement très difficile. La livre libanaise est restée stable et la dette libanaise a it
"Les banques libanaises sont saines"

vu ses taux d’intérêts baisser", explique-t-il. Il se targue qu’aucun déposant n'ait perdu son argent à Beyrouth depuis sa nomination et rejette toute comparaison avec la situation de la Grèce. "Le Liban enregistre une croissance importante, la meilleure dans le monde arabe, contrairement aux Grecs, qui sont en récession", précise-t-il. Selon lui, la croissance au Liban devrait atteindre 7 % à 8 % en 2010.

En 2004, il bannit les subprimes
Selon lui, le pays du Cèdre s’est préservé des retombées de la crise financière mondiale grâce aux mesures qui ont été prise par la Banque centrale du pays. "Le Liban a pu maintenir la confiance grâce à un modèle bancaire qui a beaucoup de liquidités et où les banques commerciales ne peuvent pas faire de spéculation. Dès 2004, nous leur avions interdit d’investir dans les subprimes. Par ailleurs, tous les produits structurés doivent être approuvés par la Banque centrale", explique-t-il.  
Paradoxalement, la crise a même profité à l’économie libanaise. "Quand la crise est apparue, il y a eu un flux de capitaux vers les banques libanaises parce que les marchés ont jugé qu’il s’agissait de banques saines qui n’avaient pas de problème en termes de produits toxiques", poursuit Riad Salamé. it
"Les capitaux étrangers continuent d'affluer"
Les dollars de la diaspora
Et selon lui, les capitaux étrangers continuent d’affluer au Liban, notamment ceux des Libanais qui rapatrient leur argent pour échapper à la crise. "Et ce, après l’avoir placé à l’étranger par crainte de la situation au Liban", affirme le gouverneur de la BCL. La diaspora libanaise joue également un rôle essentiel dans l’économie libanaise en envoyant une partie de ses revenus à la famille. "Ces transferts sont évalués à peu près à 7 milliards de dollars par an (5,7 milliards d’euros), ce qui représente, par tête d’habitant, le niveau le plus élevé du monde", conclut Riad Salamé.