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La chancelière allemande, dont les atermoiements au début de la crise grecque ont suscité l'ire de la presse, fait encore l'objet de critiques. En cause : sa décision d'interdire certaines transactions sur les marchés. Contre l'avis de tous.

La presse allemande se perd en conjectures : quelle mouche a bien pu piquer Angela Merkel ? Dans les faits, tous les journaux - qu'ils soient de gauche, de droite ou apolitiques - sont d’accord : annoncer unilatéralement, et à la surprise européenne générale, l’interdiction de certaines transactions à risque en Bourse n’est pas très malin.

Pour illustrer la décision de la chancelière allemande, le site de la chaîne d’information N-TV a choisi l’image d’un cow-boy solitaire sur un cheval fatigué… Dans son édition de vendredi, le quotidien de droite "Frankfurter Allgemeine" se désole : "Avec cette affaire, Angela Merkel se retrouve toute seule et ne pourra s’appuyer sur aucun partenaire européen si son initiative se révèle être un fiasco complet". Plus ironique, le quotidien de gauche "Suddeutsche Zeitung" (SZ) estime que "choquer tous ces partenaires est une drôle de manière de vouloir réaffirmer un leadership sur la scène européenne".

Mais plus que l'isolement auquel s'expose Berlin, ce sont les motifs supposés de ce volontarisme soudain qui jettent le trouble chez les commentateurs alllemands. À l'instar du quotidien économique "Handelsblatt", de nombreux titres de la presse allemande affirme qu'Angela Merkel, dont les atermoiements au début de la crise grecque lui avait valu une salve de critiques, a voulu agir vite. Trop vite. Las, "la chancelière apparaît une nouvelle fois comme celle qui déstabilise la zone euro et les marchés", conclut le journal.

"Rêverie à la française"

Même son de cloche au "Suddeutsche Zeitung" pour qui cet empressement prouve qu'Angela Merkel "est dépassée par les événements, ce qu’elle ne voulait justement pas reconnaître". Le "Frankfurter Allgemeine" invoque, quant à lui, des impératifs de politique intérieure. "Cette mesure d’inspiration de gauche peut être un geste envers l’opposition pour qu’elle soutienne son plan de sauvetage économique", souligne le quotidien libéral.

Seul motif de satisfaction pour une partie de la presse : l’agacement de Paris. Angela Merkel s’est adonnée à une "rêverie à la française", titre ainsi la "Suddeutsche Zeitung". Le journal note que c’est d’ordinaire la France qui surprend ces voisins avec des déclarations à l’emporte-pièce. "Pour une fois, ils vont comprendre ce qu’on ressent quand on est pris de court", s’amuse le quotidien. Une bien maigre consolation pour la chancelière puisque, comme le rappelle un sondage du quotidien "Die Zeit", 63 % des Allemands estiment qu’elle a perdu le contrôle de son gouvernement.