logo

Aravane Rezaï : "Roland-Garros, je le prends comme un tournoi comme les autres"

Depuis sa victoire au tournoi de Madrid, dimanche dernier, Aravane Rezaï, joueuse de 23 ans franco-iranienne, fait figure de favorite pour le tournoi de Roland-Garros.

Elle tape la balle avec une agressivité devenue sa marque de fabrique. Elle tape la balle avec son partenaire de frère, avec son entraîneur de père, et avec son coach: Patrick Mouratoglou. Elle tape la balle comme si de rien était, sous un soleil d’été à la Mouratoglou Tennis Academy. Sauf qu’à trois jours de Roland-Garros, une petite troupe de journalistes a dégainé caméras et appareil photos pour venir faire découvrir au grand public le nouvel espoir féminin français.

it
VIDEO - "Je veux bien faire chez moi en France"
Aravane Rezaï : "Roland-Garros, je le prends comme un tournoi comme les autres"

Car Aravane Rezai, 23 ans, ne passe plus inaperçue du côté des médias depuis sa victoire, dimanche dernier au tournoi de Madrid. Un succès qui signe un tournant dans sa carrière, et la hisse au rang des favorites pour le tournoi de la Porte d’Auteuil. "J’étais très contente de gagner à Madrid, mais j’ai encore beaucoup de choses à apprendre, et je reste concentrée", raconte-t-elle en conférence de presse. "Roland Garros, je le prends comme un tournoi comme les autres. Je veux bien faire, chez moi, en France."  Elle poursuit : "Je sais que je suis plus attendue que d’habitude, mais j'aime bien quand c’est un combat, quand c’est dur."

Son ton déterminé fait écho à sa tenacité sur le terrain. A Madrid, elle s’est offert le scalp de trois anciennes numéros un mondial : Justine Henin, Jelena Jankovic et Venus Williams. "Depuis Marbella, et Barcelone [en avril], j’ai fait une grosse préparation [sur terre battue], explique-t-elle. Je n’avais pas de très bons résultats jusqu’à présent, mais ça a fini par payer".

"Patrick m'a apporté la tactique"

it
"J'ai eu des moments très difficiles dans ma carrière"
Aravane Rezaï : "Roland-Garros, je le prends comme un tournoi comme les autres"

Et c’est aussi le résultat de ces quinze années d’entraînement. Aravane Rezaï a commencé le tennis à l’âge de 7 ans. "J’ai fait beaucoup de sacrifices, pendant de nombreuses années : j’ai dormi dans la camionnette, j’ai joué sous la pluie, sous la neige", rappelle-t-elle. Depuis ses débuts, elle s'entraîne avec son père, dont la forte personnalité lui a valu des différends avec la Fédération française de tennis.

"Je me retrouvais à m’entraîner tard le soir sur un terrain qu’on éclairait avec les phares de la voiture", se souvient-elle. "Pendant la balle de match [à Madrid], ça m’est revenu comme un film. Je pense qu’il n’y en a pas une qui a le même chemin que moi. C’est ça qui fait ma force."

Depuis décembre 2009, elle a rejoint, avec son clan, la Tennis Academy de Patrick Mouratoglou. "Mon père m'a apporté la frappe de balle. [...] Patrick m’a apporté les points tactiques, analyse-t-elle. J’ai aussi progressé sur la concentration à l’entraînement et j’ai appris à être patiente."

"Aussi médiatisée en France qu'en Iran"

Malgré sa casquette de favorite à Roland-Garoos, elle ne craint pas la pression. "J’aime bien quand il y en a. J’arrive à la gérer, c’est un plus, et c’est tant mieux", commente-t-elle. "J’aime bien jouer devant le public, faire le show sans en faire trop. Je pense pour l’instant le faire pas trop mal".

it
VIDEO : "Je suis autant sollicitée en France qu'en Iran"
Aravane Rezaï : "Roland-Garros, je le prends comme un tournoi comme les autres"

Au délà de la pression, elle doit également appréhender sa popularité qui dépasse les frontières françaises. "J’ai l’impression d’être aussi médiatisée en France qu’en Iran. C’est quelque chose d’incroyable!", constate-t-elle. Elle compte de nombreux supporters dans son pays d’origine, où vit une grande partie de sa famille. "Je suis très contente d’avoir la double nationalité", affirme-t-elle. Mais elle se refuse à parler  politique. "Je respecte les deux pays, la France et l'Iran, j'ai ma culture à moi, mon éducation à moi, c'est tout". 

Actuellement numéro 16 mondiale, elle n’a toujours aucun sponsor. "On n’a pas assez cru en moi, explique-t-elle. J’ai encore besoin de montrer ce que je peux faire de mieux." Elle reconnait toutefois avoir reçu plusieurs appels, depuis sa victoire à Madrid. "Ca va venir, pour l’instant, je ne me plains pas".