Il est à peine 9h du matin, quand Sabrina Ouazani arrive au show-room d’Antik Batik pour sa première séance de maquillage, de coiffure et d’habillage. Elle a deux heures devant elle avant le "photocall" de 11h, ce moment où les photographes crient le nom des acteurs pour qu’ils se présentent sous leurs angles les plus avantageux. C’est un rituel imposé à Cannes aux films en compétition. La première montée des marches de la jeune comédienne est attendue en fin de journée, aux côtés de Lambert Wilson et de toute l’équipe – essentiellement masculine – du film "Des Hommes et des Dieux" du Français Xavier Beauvois.

En forme et à peu près détendue, Sabrina n’est pas sortie hier soir… mais a peu dormi. "J’ai passé beaucoup de temps au téléphone avec ma meilleure amie, ma grande sœur et ma mère qui me regardera monter les marches ce soir derrière son poste de télé, depuis la résidence d'handicapés où elle travaille", raconte la comédienne, alors que le coiffeur lui boucle les cheveux.

Pendant une bonne heure, Sabrina passe entre les mains des hommes de Franck Provost, coiffeur officiel du Festival. Elle regarde par la fenêtre la Croisette s’animer peu à peu. On aperçoit dans la rue les premiers objectifs de caméra s’attarder sur la Croisette, et quelques professionnels du cinéma arpenter les trottoirs. La tension commence à monter. "Quand je suis à Cannes, je suis forcément différente qu'à Paris. J’essaie quand même d’être naturelle, je n’ai pas envie de jouer un rôle", assure la comédienne de 22 ans.

Cette course contre la montre est engagée depuis l’annonce officielle de sa venue à Cannes. Cela fait quelques semaines que le rythme est très soutenu. "Comment je vais m’habiller? Chez qui?", sont des questions centrales pour un Festival comme celui de Cannes et sa fameuse montée des marches. "On est forcément speed", admet la comédienne.

La robe que Sabrina a choisie est rose fuchsia en twill de soie, retenue devant par un plastron à pierres brodées, et derrière par une boutonnière froncée pour un effet faux-cul. Habillée, coiffée et maquillée, la comédienne monte dans la voiture officielle qui l’emmène à la séance photo qui précède la conférence de presse.

Pas très à l’aise avec les photographes, Sabrina revit la même frénésie qu’au moment de sa nomination pour le César du meilleur espoir féminin en 2005, avec le film d’Abdellatif Kechiche, "L’Esquive"… seulement, à Cannes, elle traîne une angoisse supplémentaire : celle de louper une marche sur le tapis rouge.