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Les autorités imposent un couvre-feu à Bangkok

Alors qu'un calme précaire règne ce dimanche autour du quartier occupé par les "chemises rouges" à Bangkok, les autorités ont décidé d'imposer un couvre-feu à partir de 23h (heure locale) dans certaines zones de la capitale.

REUTERS - Le gouvernement thaïlandais va instaurer un couvre-feu dimanche soir à Bangkok où les affrontements qui font rage depuis trois jours ont fait 24 morts.

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"Un véritable no man's land contrôlé par l'armée"

De source proche du Premier ministre Abhisit Vejjajiva, on indique que ce couvre-feu « sera imposé de 23h00 à 05h00 dans les secteurs qui mènent au principal site de manifestation ». Il permet d’en interdire l’accès aux civils. Les contrevenants seront passibles de deux ans de prison.

Le chef du gouvernement a de nouveau affiché sa détermination à mettre fin à la contestation lors d’une allocution télévisée. « Nous ne pouvons pas reculer », a-t-il dit.

La situation très tendue depuis des semaines entre « chemises rouges » et soldats a dégénéré jeudi soir après la tentative d’assassinat du conseiller militaire des manifestants, l’ex-général Khattiya Sawasdipol, dit le « commandant rouge ».

Selon un dernier bilan du ministère de la Santé, 24 personnes ont été tuées et près de 200 autres blessées depuis jeudi.

D’après des témoins, les victimes se comptent majoritairement dans les rangs des manifestants, les militaires n’hésitant pas à tirer à balles réelles sur les « chemises rouges » qui ripostent en lançant des pierres, des cocktails Molotov ou des roquettes artisanales.

Certains protestataires auraient été abattus par des snipers positionnés sur des toits. Aucun soldat n’a été identifié parmi les personnes décédées.

Sansern Kaewkamnerd, porte-parole de l’armée, a expliqué que les soldats étaient autorisés à tirer sur les manifestants qui s’avancent à moins de 36 mètres des lignes défendues par l’armée.

Calme précaire

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Les autorités imposent un couvre-feu à Bangkok

Un calme précaire prévalait dimanche au lendemain de nouveaux affrontements violents.

Un manifestant a été atteint à la tête d’une balle tirée par un sniper avant d’être emmené à l’hôpital, rapporte un journaliste de Reuters.

Les « chemises rouges », partisans de l’ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé par un coup d’Etat en 2006, réclament toujours le départ d’Abhisit Vejjajiva et la tenue d’élections anticipées.

Des milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, sont retranchées dans le quartier commerçant de la capitale thaïlandaise dans un camp de trois kilomètres carrés entouré de barricades faites de pneus, de bambous aspergés d’essence et de fils barbelés.

Plusieurs centaines de manifestants se sont réunis dimanche dans le quartier ouvrier de Klong Toey, où des milliers de personnes s’étaient massées samedi soir, utilisant un camion en guise de podium pour leurs dirigeants, ce qui pourrait annoncer leur déplacement vers un autre lieu d’occupation.

Nattawut Saikua, un des leaders des « chemises rouges », a déclaré à ses partisans que des renforts allaient arriver des provinces alors que l’armée a elle aussi annoncé l’envoi de troupes supplémentaires dans la capitale.

La communauté internationale et les observateurs s’inquiètent de la récente escalade de la violence et de l’issue incertaine de la crise.

« Les soldats font peut-être quelques progrès en ce qui concerne l’isolement de la zone, mais le prix à payer est élevé », a déclaré Thitinan Pongsudhirak, professeur de sciences politiques à l’université de Chulalongkorn.

« Est-ce que le gouvernement va réussir à disperser la foule et s’engager vers une sortie de crise? La réponse est non (...) il y a encore un long chemin à parcourir. »