La campagne "Mr. Goodfish" arrive en France. Déclinée sous la forme d'un logo et d'un inventaire des poissons non-menacées, elle se donne pour mission d'informer le consommateur soucieux de protéger les espèces en voie de disparition.
Depuis l’échec de la Convention sur le commerce international des espèces sauvages menacées d’extinction (Cites) qui n’a pas débouché sur l’interdiction attendue de la pêche du requin taupe et du thon rouge, en mars dernier, le temps était morose au pays des écolos. Un mois plus tard, la marée noire provoquée par l'explosion d'une plateforme pétrolière au large des côtes de la Louisiane avait fini d'abattre leur moral.
Dans un tel contexte, le lancement en France d’une nouvelle campagne - baptisée "Mr. Goodfish" - en faveur d’une pêche durable apparaît comme un bol d'air pour les défenseurs de l'environnement. Sorte de Bison futé du "manger mieux", ce programme européen, mené sous l’égide de l’association Réseau océan mondial, a pour but d’aider le consommateur à choisir des poissons non-menacés d’extinction et à les acheter en fonction de la saison.
Déjà entrée en vigueur en Italie et en Espagne, l'initiative "Mr. Goodfish" débarque ce jeudi dans l'Hexagone. L’un de ses initiateurs, Philippe Vallette, directeur général de Nausicaa, le centre national de la mer, espère ainsi changer durablement le comportement alimentaire des Français. "Si chacun choisit, rien qu’une fois dans l’année, un poisson Mr. Goodfish au lieu d’un autre poisson, cela aura un impact positif sur 18 000 tonnes de poissons menacés", confie-t-il.
Un logo pour permettre d’identifier les espèces non-menacées
En pratique, pour savoir quel poisson mettre dans son assiette, un logo bleu sera apposé sur les étiquettes des étals des poissonneries et sur les cartes des restaurants. D'ici quelques mois, il devrait également faire son apparition dans les cantines et les supermarchés. "On veut orienter le consommateur vers des espèces qui ne sont pas menacées pour limiter la pression sur les autres", explique Philippe Valette. Plus d’excuses lors du plein de courses alimentaires, donc !
"Il s’agit de mettre en avant des poissons dont on ne parle jamais, comme le merlan, le tacaud ou le lieu noir, insiste pour sa part Philippe Mauguin, directeur des pêches maritimes et de l'aquaculture au ministère de l’Agriculture et de la Pêche, qui poursuit : Il y a autre chose que le thon rouge et le cabillaud".
Une liste de poissons selon les zones de pêche
Un inventaire sera en outre établi en fonction des zones de pêches françaises, qui permettra au consommateur de surveiller les espèces à protéger dans son secteur. Une liste accessible sur Internet précisera ainsi l’état des stocks et la meilleure saison pour consommer tel ou tel poisson, selon que l’on habite près de la Manche, en Bretagne ou sur les côtes atlantiques ou méditerranéennes. Le répertoire sera valable un trimestre et élaboré par un comité de scientifiques de l’Ifremer, de pêcheurs et de professionnels de la filière.
Une application iPhone reprenant les informations de cette liste est, enfin, en cours de développement. Permettant à chacun de savoir quelle espèce choisir selon que l’on se trouve à Biarritz ou à Canet-en-Roussillon, elle sera destinée aux consommateurs qui souhaitent acheter leur poisson de manière autonome et responsable.