
Le gouvernement espagnol a annoncé, ce mercredi, une cure d'austérité radicale afin de réduire son déficit public. Madrid mise ainsi sur une forte réduction des salaires des fonctionnaires et des investissements publics.
REUTERS - Le gouvernement espagnol a annoncé mercredi une forte réduction des salaires de la fonction publique et des dépenses d’investissement de l’Etat, des mesures qui visent à prouver aux marchés que l’Espagne peut maîtriser son déficit budgétaire mais qui suscitent la colère des syndicats.
Le Premier ministre, Jose Luis Rodriguez Zapatero, a indiqué que Madrid entendait économiser 15 milliards d’euros cette année et l’an prochain à travers notamment une baisse de six milliards d’euros des investissements publics.
« Nous devons faire un effort particulier, exceptionnel et extraordinaire pour réduire notre déficit public et nous devons le faire maintenant que notre économie commence à se redresser », a déclaré au Parlement le chef du gouvernement.
Alors que le chômage a dépassé récemment la barre des 20% de la population active, il a annoncé la suppression de 13.000 postes dans la fonction publique cette année. Les salaires des fonctionnaires seront en outre réduits de 5% en 2010 et gelés en 2011.
La présentation de ce plan permet de soutenir les marchés financiers en Europe et de réduire le coût de la protection contre un défaut de l’Espagne sur sa dette. Selon CMA DataVision, les Credit Default Swaps (CDS) ont reculé de près de 20 points de base (pdb), à 141,5 pdb. (voir [ID:nLDE64B0YG])
La Bourse de Madrid, elle, gagnait plus de 1% dans l’après-midi <.IBEX>.
Les syndicats, déjà mécontents du relèvement de l’âge de la retraite de 65 à 67 ans, ont réagi vivement.
« Ces mesures confirment que le gouvernement veut mettre en place un plan d’austérité sévère. C’est la fin de la ligne de conduite tenue jusqu’à maintenant par le Premier ministre et cela va entraîner un changement dans ses relations avec les syndicats », a prévenu Candido Mendez, chef de file de l’UGT, la deuxième confédération syndicale espagnole.
LE MODÈLE IRLANDAIS
« Après la réunion de l’UE de ce week-end, il est très clair que l’Espagne et le Portugal, et en particulier l’Espagne, doivent en faire davantage en matière de réduction des déficits”, note José Garcia Zarate, économiste chez 4cast. “Ils ont donc annoncé cela, en se fondant sur le modèle irlandais.”
Pour l’économiste, “les réductions ont lieu là où ça fait mal”, surtout sur les salaires des fonctionnaires.
Le gouvernement adoptera ces mesures vendredi, a ajouté Jose Luis Rodriguez Zapatero.
Les régions seront aussi mises à contribution puisqu’il leur sera demandé d’économiser 1,2 milliard d’euros sur leurs budgets.
La pression s’est accrue sur le gouvernement espagnol durant la semaine après le coup de téléphone de Barack Obama mardi soir exhortant Jose Luis Rodriguez Zapatero à une attitude “résolue” dans ses efforts pour mettre en oeuvre ses réformes économiques.
Les mesures annoncées mercredi devraient permettre de ramener le déficit budgétaire espagnol à 9,3% du produit intérieur brut (PIB) cette année, et à 6% en 2011, contre 11,2% en 2009. Ce déficit devrait ensuite être ramené à 3% du PIB d’ici 2013.
Ben May de Capital Economics prévient néanmoins que des mesures supplémentaires devraient être nécessaires, d’autant plus que « la croissance espagnole va être assez faible au cours des deux prochaines années ».
Si l’économie espagnole a crû pour la première fois en près de deux ans au premier trimestre, le rythme de croissance affiché (+0,1%) est faible et risque de le rester. [ID:nLDE64B0TE]
« Nous estimons que l’Espagne ne va pas parvenir à réaliser les dernières prévisions de croissance du gouvernement de 1,8% en 2011, de 2,9% en 2012 et de 3,1% en 2013. Cela pourrait supposer que des réductions de dépenses plus élevées ou des hausses plus fortes des impôts soient nécessaires », juge également Raj Badiani d’IHS Global Insight.
Ben May estime toutefois, que par rapport à la Grèce, l’Espagne a davantage de temps pour préparer l’opinion publique sur ses mesures d’austérité difficiles.
(avec Elisabeth O’Leary et Martin Roberts, Danielle Rouquié et Alexandre Boksenbaum-Granier pour le service français)