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Le successeur d'Obama au Sénat mis à la porte du Capitole

Le nouveau sénateur de l'Illinois n'a pu siéger au Capitole. Nommé par le sulfureux gouverneur Rod Blagojevich, soupçonné de corruption, Roland Burris a été congédié de la séance de rentrée du Congrès américain.

AFP - Le Congrès des Etats-Unis connaissait une rentrée mouvementée mardi, le successeur de Barack Obama au Sénat ayant été évincé avant même de pouvoir prêter serment, alors que les parlementaires devaient s'atteler au plan de relance de l'économie.

Le 110e Congrès, qui a vécu lundi son dernier jour, laisse la place au 111e Congrès avec sa majorité démocrate renforcée par les élections du 4 novembre.

Mais le nouveau sénateur de l'Illinois, Roland Burris, désigné par le gouverneur de cet Etat accusé de corruption a été mis à la porte du Capitole une demi-heure après y avoir fait son entrée entouré d'une nuée de journalistes.

"J'ai présenté ma lettre de nomination au secrétaire du Sénat et ai été avisé que ce document n'était pas en ordre", a-t-il expliqué à la presse en sortant du bâtiment. "Je ne serai pas accepté, je ne pourrai pas siéger ni entrer en séance", a-t-il ajouté, tout en assurant ne pas rechercher de "confrontation".

Les 100 sénateurs américains sont élus par tiers tous les six ans. Mais en cas de vacance d'un siège, c'est au gouverneur de l'Etat concerné que revient la charge de nommer un nouveau sénateur.

Or, le gouverneur Blagojevich a été brièvement arrêté début décembre par le FBI, qui l'accuse, écoutes téléphoniques à l'appui, d'avoir tenté de monnayer l'ancien siège de M. Obama.

Malgré le scandale et les appels à la démission, le gouverneur a nommé la semaine dernière Roland Burris, ancien ministre de la Justice de l'Etat, un Noir de 71 ans, au siège de M. Obama, qui était lui-même le seul Noir siégeant au Sénat.

Le groupe démocrate du Sénat avait pourtant envoyé une lettre au gouverneur en lui demandant de démissionner et de ne nommer personne au siège de M. Obama.

M. Obama lui-même s'est prononcé contre la désignation de son successeur par M. Blagojevich. Roland Burris "est quelqu'un de bien et un serviteur de l'Etat compétent, mais les démocrates du Sénat ont clairement signifié il y a plusieurs semaines qu'ils ne pouvaient accepter une nomination de la part d'un gouverneur accusé d'avoir voulu vendre ce même siège de sénateur", a-t-il déclaré.

Devant la presse, M. Burris a indiqué qu'il allait consulter ses avocats pour déterminer la suite de sa démarche.

L'un d'entre eux, Tim Wright, a déclaré que le rejet de son client par le Sénat était "illégal" et qu'il envisageait de porter plainte devant la justice, tout en tentant de convaincre les responsables du Sénat de revoir leur décision.

De fait, aucun texte ne semble faire obstacle à sa nomination.

Il existe une décision de la Cour suprême de 1969 concernant la Chambre des représentants, mais celle-ci stipule que les parlementaires n'ont pas le pouvoir d'expulser l'un de leurs membres élus, tant que celui-ci est qualifié pour le poste.

Ce parfum de scandale vient ternir la rentrée des sénateurs alors que ceux-ci ont d'autres chats à fouetter, notamment un plan de relance économique massif d'au moins 775 milliards de dollars à voter.

Autre nomination contestée, celle de Caroline Kennedy, fille du président assassiné John F. Kennedy, qui brigue le siège d'Hillary Clinton à New York. Mais Mme Kennedy, qui n'a guère d'expérience politique, ne convainc pas la sphère médiatique ni les New-yorkais qui doutent de ses qualifications.

Elle devrait être nommée par le gouverneur de l'Etat David Paterson.

Enfin, le Sénat doit encore accueillir le vainqueur du recomptage des voix dans le Minnesota. La victoire du démocrate et ancien acteur comique Al Franken, avec une poignée de voix d'avance, a été proclamée lundi par la commission électorale mais le perdant républicain Norm Coleman, sénateur sortant, s'est dit prêt à contester le comptage des résultats.

Si l'élection de M. Franken est validée, la majorité démocrate au Sénat comptera 59 sièges sur 100.