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Le projet de loi contre les droits des francophones bloqué au Parlement

Les partis francophones belges ont recouru à la procédure exceptionnelle dite de "sonnette d'alarme" pour reporter d'un mois le vote d'un projet de loi flamand visant à supprimer les droits acquis par les francophones en banlieue de Bruxelles.

AFP - Les partis francophones de Belgique ont bloqué jeudi une tentative de la majorité flamande du Parlement de faire passer une loi supprimant unilatéralement les droits acquis des francophones en banlieue de Bruxelles, après la chute du gouvernement sur ce sujet.

Ils ont recouru à une procédure exceptionnelle, dite de la "sonnette d'alarme", permettant de reporter d'un mois le vote d'une législation portant atteinte aux intérêts vitaux d'une communauté linguistique.

Les partis flamands, majoritaires puisqu'ils représentent 60% de la population, voulaient montrer leur volonté unanime d'en finir avec le statut spécial de la minorité francophone dans la périphérie flamande de la capitale belge.

En "scindant" l'arrondissement électoral et judiciaire bilingue français-néerlandais de Bruxelles-Hal-Vivorde, dit "BHV", les néerlandophones empêcheraient notamment les quelque 130.000 francophones concernés de continuer à voter pour des candidats de leur langue aux législatives.

Le contentieux, vieux de plusieurs dizaines d'années, a conduit le gouvernement du chrétien-démocrate flamand Yves Leterme à sa chute la semaine dernière.

"Les francophones doivent réagir. On ne peut pas subir systématiquement des agressions, c'est de nouveau une menace d'une décision unilatérale d'un groupe linguistique face à l'autre", a déclaré le président du parti libéral francophone (MR) Didier Reynders, également ministre des Finances.

"Ce qui est vraiment catastrophique, c'est que tous les groupes politiques flamands veulent absolument que l'on débatte d'abord de BHV (...) J'espérais un ressaisissement. Cela me paraît surréaliste", a-t-il ajouté.

La volonté de faire passer en force ce texte est considéré par les francophones comme la rupture d'un pacte implicite national qui interdit en principe à la majorité flamande de profiter de son poids démographique pour imposer ses vues à la minorité francophone.

"Nous avons la volonté vis-à-vis des Belges comme vis-à-vis de l'étranger d'éviter l'escalade", a déclaré pour sa part la vice-Premier ministre socialiste du gouvernement sortant, Laurette Onkelinx.

En bloquant par cette procédure exceptionnelle, qui n'avait été utilisée qu'une fois en 1985, l'organisation du vote lui-même, il s'agit d'empêcher un nouveau "show médiatique des extrémistes flamands" dans l'enceinte du Parlement, a-t-elle expliqué.

Le 22 avril, des élus du parti indépendantiste d'extrême-droite Vlaams Belang avaient entonné à la Chambre un hymne nationaliste flamand, une grande première.

Les partis flamands dits modérés, peu désireux de donner une tribune à leurs rivaux radicaux alors que des élections anticipées doivent avoir lieu en juin, prêchaient jeudi pour le calme.
 

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