Réunis à Pretoria, les représentants de l'Afrique du Sud et de la France vont tenter de trouver une issue à la crise politique malgache qui oppose l'actuel homme fort de la Grande Île, Andry Rajoelina (photo), et l'ex-président, Marc Ravalomanana.
AFP - L'Afrique du Sud et la France vont tenter d'arracher mercredi à Pretoria un accord de sortie de crise pour Madagascar, en réunissant les deux principaux protagonistes de la crise, l'actuel homme fort du pays Andry Rajoelina et le président évincé Marc Ravalomanana.
Cet accord, préparé par l'Afrique du sud, la France et la SADC (Communauté des Etats d'Afrique australe), prévoit la constitution d'un gouvernement d'union nationale chargé de conduire le pays à des élections générales le plus rapidement possible, afin de sortir la Grande Ile de l'impasse politique et de la stagnation économique actuelles.
La rencontre sera présidée par le président sud-africain Jacob Zuma, en présence du médiateur dans la crise malgache et ex-président mozambicain Joachim Chissano et du secrétaire d'Etat français à la Coopération Alain Joyandet.
"Elle aura pour objectif de finaliser un accord dont les principaux éléments ont d'ores et déjà été acceptés par les deux parties", selon un communiqué conjoint des ambassades de France et d'Afrique du Sud à Antananarivo.
Madagascar est plongée dans une crise politique grave depuis fin 2008, qui a conduit à l'éviction en mars 2009 de Marc Ravalomanana et à son remplacement par son principal opposant et ex-maire d'Antananarivo, Andry Rajoelina, soutenu par l'armée.
A la différence des précédents accords signés courant 2009 à Maputo et Addis Abeba, restés lettre morte, les promoteurs de cette rencontre ont décidé de réunir d'abord MM. Rajoelina et Ravalomanana, avant d'élargir l'éventuel accord aux deux anciens présidents Albert Zafy et Didier Ratsiraka.
"Il est temps que Madagascar puisse avancer rapidement vers la fin de cette crise politique", estimait vendredi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bernard Valero.
Dans un rapport publié mi-mars, le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG) plaidait pour l'adoption d'une nouvelle approche dans la crise, proche de celle à présent défendue par la France et l'Afrique du Sud.
"La médiation devrait cesser d’essayer de mettre en place une transition fondée sur un partage du pouvoir, et tenter plutôt d’obtenir un accord sur (...) une nouvelle constitution et l’organisation rapide d’élections sous supervision internationale", estimait ICG, constatant l'échec des précédents accords de partage du pouvoir.
Si l'impasse politique est totale depuis décembre et la décision de M. Rajoelina de remplacer le Premier ministre de consensus et d'appeler à des élections sans l'accord des trois autres parties, la situation actuelle n'est pas défavorable à l'obtention d'un accord.
Andry Rajoelina est de plus en plus isolé: sous le coup de sanctions de l'Union africaine, avec 108 personnalités de son régime, il peine à compenser la suppression des aides de la communauté internationale. Plusieurs de ses compagnons de lutte ont par ailleurs jeté l'éponge ces derniers mois.
Pour Marc Ravalomanana, l'exil, débuté en mars 2009, se prolonge et le coupe toujours un peu plus de sa base.
Enfin, l'armée s'impatiente. Outre une récente mise en demeure officielle du chef d'état-major aux autorités du pays, le pays vit depuis un mois au rythme de rumeurs persistantes de tentatives de coups d’Etat et de présumés complots impliquant des militaires et visant les autorités en place.