logo

Le différend qui oppose la Russie à l'Ukraine s'est traduit par une baisse des acheminements de gaz vers une partie de l'Union européenne. Des rencontres autour du vice-président de Gazprom sont prévues ce mardi à Berlin.

AFP - Le conflit gazier opposant la Russie et l'Ukraine se traduisait lundi par des "irrégularités" dans l'approvisionnement d'une partie de l'Union européenne et des réductions dans l'est de l'Europe, des pays des Balkans comme la Serbie et la Croatie commençant à être touchés.

Mais tous les pays assuraient disposer de réserves suffisantes.

La Russie a annoncé lundi qu'elle allait réduire le volume de gaz livré à l'Europe via l'Ukraine, afin de décourager les prélèvements illégaux dont elle accuse Kiev. Mais elle s'engage à fournir ses clients européens par d'autres moyens.

L'autrichien OMV, premier groupe gazier d'Europe centrale, qui contrôle l'un des trois principaux centres de répartition du gaz russe en Europe, n'observait lundi aucune perturbation: "Tout fonctionne normalement", a indiqué à l'AFP sa porte-parole Michaela Huber, depuis Vienne.

OMV gère à Baumgarten, à la frontière slovaque, 64 milliards de mètres cubes de gaz russe par an alimentant notamment l'Autriche, l'Allemagne, l'Italie, la France, la Slovénie et la Croatie.

La ministre française de l'Economie Christine Lagarde a estimé à l'issue d'une rencontre avec un représentant du géant russe Gazprom que les approvisionnements de la France n'étaient "en aucune manière menacés".

A Bruxelles, un porte-parole de la Commission européenne a fait état d'"irrégularités" dans l'approvisionnement de certains des 27 pays de l'Union européenne, sans constituer "un danger immédiat" car les niveaux de stocks sont "assez élevés entre 70 et 90%".

"Un certain nombre d'Etats ont enregistré des variations des volumes reçus" mais une partie des problèmes ont été "résolus", a expliqué le porte-parole pour les questions énergétiques Ferran Tarradellas.

En Slovaquie notamment, l'approvisionnement est revenu à la normale après une légère baisse pendant le week-end, selon le groupe gazier SPP.

En République tchèque, les livraisons ont baissé de 9,5% lundi.

Dans l'UE toujours, en Roumanie, les livraisons de gaz russe étaient comme depuis vendredi soir inférieures de 30% au volume prévu, selon la compagnie de transit Transgaz. La Roumanie dispose de réserves de 2,2 milliards de m3, et les autorités ont garanti que les ménages ne seraient pas touchés par la baisse.

La Pologne et la Bulgarie ont aussi constaté une baisse des livraisons de gaz en provenance de Russie via l'Ukraine, sans impact immédiat sur la population.

Le ministre hongrois de l'Energie Csaba Molnar a annoncé que les livraisons de gaz russe à son pays avaient chuté lundi d'environ 20%.

A proximité immédiate de l'UE, Serbie et Croatie ont exprimé lundi leur inquiétude, Belgrade envisageant pour la première fois une baisse tandis que Zagreb constatait une réduction.

Dusan Bajatovic, le directeur de Srbijagas, la compagnie publique gazière de Serbie, a jugé "possible" une diminution de la fourniture de gaz russe, ajoutant qu'une telle éventualité rendrait nécessaire la mise en place d'un "plan de restriction".

Toutefois, M. Bajatovic a assuré que la Serbie disposait actuellement de quantités suffisantes de gaz.

A Zagreb, une source officielle croate a indiqué que depuis dimanche, les livraisons de gaz russe à la Croatie ont baissé de 7,5% par rapport au volume prévu.

En Bosnie, des responsables ont déclaré qu'il y avait pour l'instant suffisamment de gaz tout en s'inquiétant d'éventuelles carences pour le chauffage. La température avoisinait les -10 degrés à Sarajevo lundi en milieu de matinée.

La Russie a coupé le 1er janvier l'approvisionnement en gaz de l'Ukraine, faute d'un accord sur le prix des livraisons pour 2009 et sur des arriérés de paiement. Or Moscou fournit aux Européens 40% de leurs importations gazières, qui transitent à 80% par l'Ukraine.

Depuis le 1er janvier, 65,3 millions de mètres cubes de gaz ont été volés par l'Ukraine, a déclaré lundi le patron du groupe russe Gazprom Alexeï Miller au cours d'une rencontre à Novo Ogarevo (Russie) avec le Premier ministre Vladimir Poutine, devant la presse.

Interrogé par M. Poutine sur les mesures qu'il entendait prendre face à cette situation, M. Miller a évoqué une "proposition de réduction des volumes de gaz livrés à la frontière russo-ukrainienne d'un montant équivalent à celui qui a été volé". "Commencez à le réduire dès aujourd'hui", a répondu M. Poutine.

Le conflit fait craindre une répétition du scénario de 2006, quand le différend russo-ukrainien avait fortement perturbé l'approvisionnement de plusieurs pays d'Europe.