La situation reste tendue en Thaïlande après une série d'explosions survenues, jeudi, à Bangkok. Les "chemises rouges", anti-gouvernement, font face à une coalition de "chemises jaunes" et d'habitants frustrés par la paralysie du pays.
Les "chemises rouges" face aux "chemises jaunes" : la tension reste forte, ce vendredi matin, dans la capitale thaïlandaise, alors que des affrontements entre les "anti" et les "pro" gouvernement ont fait trois morts jeudi soir, selon le vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban. Une série de grenades M79 a été lancée dans la soirée dans le quartier financier de Silom.
"On sait que six grenades ont atteint le camp des "chemises jaunes", précise Cyril Payen, correspondant de France 24 à Bangkok. Les affrontements ont été très violents, c'est un véritable bain de sang." "Le quartier de Silom a été transformé en zone de guerre", écrit de son côté le quotidien thaïlandais le Bangkok Post vendredi matin.
Les secours et le ministère de la Santé ont, eux, revu le bilan à la baisse, n'évoquant qu'un mort. Quelque 80 personnes ont été blessées, dont quatre étrangers. Accusé par le gouvernement d'avoir lancé les grenades, le mouvement des "chemises rouges", partisan de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, a nié toute implication dans ces attaques.
Point de rupture
Les "chemises rouges", décidées à renverser l'actuel Premier ministre Abhisit Vejjajiva, assiègent le quartier d'affaires de Bangkok depuis la mi-mars. "Le pays est confronté à l'incroyable détermination des anti-gouvernementaux, ces chemises rouges qui inventent chaque jour une nouvelle stratégie d'occupation et de défi au gouvernement, et qui tiennent bon depuis six semaines", explique Cyril Payen.
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Mais depuis quelques jours, une nouvelle force est apparue. Des habitants de Bangkok, membres de la classe moyenne et des milieux d'affaires, exaspérés par la paralysie du pays, se sont mêlés aux "chemises jaunes", pro-gouvernementaux, pro-monarchie et pro-élites. "Les deux camps ne sont séparés que par une grande avenue, comparable aux Champs-Élysées. Nous sommes vraiment dans le poumon économique de la capitale", raconte Cyril Payen.
Bien que l'état d'urgence ait été décrété le 7 avril et que près de 100 000 membres des forces de sécurité soient mobilisés, l'armée et la police ne sont que peu intervenues. "Les hélicoptères de l'armée et de la police sillonnent le quartier, constatait Cyril Payen dans la soirée, mais des scènes d'anarchie viennent de reprendre. Les deux camps s'affrontent à coup de cocktails molotov et l'armée ne fait rien. Le Premier ministre a réuni un énième cabinet d'urgence, mais concrètement on ne sait pas ce qui sort de ces réunions. Malgré les moyens déployés, ils n'interviennent pas pour séparer les deux camps."
"Le pays a atteint un très dangereux point de rupture. On s'enfonce chaque jour un peu plus dans l'anarchie", ajoute-t-il.
Le 10 avril, une opération menée par l'armée pour tenter de déloger les "chemises rouges" d'un autre quartier de la capitale avait tourné au carnage. Les affrontements avaient fait 25 morts et plus de 800 blessés.