logo

Le procès de Radovan Karadzic, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, reprend aujourd'hui à La Haye. Il doit affronter le premier témoin de l'accusation, Ahmet Zulic, ancien prisonnier des camps de détention serbes.

AFP - L'ancien chef politique des Serbes de Bosnie Radovan Karadzic, qui a choisi de se défendre seul, affrontera mardi le premier témoin de l'accusation devant le Tribunal pénal international (TPI) pour l'ex-Yougoslavie.

"Nous ne sommes pas prêts mais nous allons commencer car nous n'avons pas le choix", explique à l'AFP Marko Sladojevic, l'un des conseillers juridiques de l'accusé.

Radovan Karadzic, 64 ans, avait boycotté l'ouverture, le 26 octobre 2009, de son procès pour crimes de guerre, contre l'humanité et génocide durant la guerre de Bosnie qui a fait 100.000 morts et 2,2 millions de déplacés entre 1992 et 1995.

Le premier témoin de l'accusation, Ahmet Zulic, est un ancien prisonnier des camps de détention serbes au début de la guerre, dans la région de Sanski Most (nord-ouest de la Bosnie).

Il a notamment assisté, en juin 1992, à l'exécution d'une quinzaine d'hommes qui ont eu la gorge tranchée par des soldats serbes, selon lui, et a participé à un transport en camion au cours duquel des prisonniers sont morts par suffocation.

A sa libération, en novembre 1992, il ne pesait que 55 kilos contre 90, quatre mois auparavant, selon des documents publiés par le TPI.

L'accusation présentera le témoignage écrit de M. Zulic, déjà cité dans plusieurs procès du TPI à La Haye. Mais il répondra au contre-interrogatoire mené par M. Karadzic et aux questions des juges.

La liste des douze premiers témoins a été publiée mais aucun calendrier fixé. La présentation des charges de l'accusation, sur trois demi-journées par semaine, doit durer plusieurs mois.

"Ce sera aux juges de décider combien de temps ils accordent à l'accusé pour le contre-interrogatoire", a expliqué à l'AFP Olga Kavran, la porte-parole du procureur.

"Nous allons avoir besoin de beaucoup de temps pour tous les témoins", a averti de son côté Marko Sladojevic.

Arrêté en juillet 2008 à Belgrade après treize ans de cavale, l'ancien chef politique des Serbes de Bosnie, qui plaide non coupable, estime ne pas avoir eu suffisamment de temps pour préparer sa défense.

Il avait refusé d'assister à la déclaration liminaire du procureur qui l'accuse d'avoir été le "commandant suprême" du "nettoyage ethnique" en Bosnie.

Radovan Karadzic voulait créer "un Etat serbe sur ce qu'il considérait être un territoire historiquement serbe et libéré de ceux qu'il voyait comme ses ennemis", les Musulmans et Croates, avait affirmé le procureur Alan Tieger le 27 octobre 2009.

Le procès avait ensuite été ajourné pour quatre mois, jusqu'au 1er mars, et avait repris avec la déclaration liminaire de l'accusé, deux jours durant avant d'être à nouveau suspendu.

Le massacre de Srebrenica au cours du quel plus de 7.000 hommes et garçons musulmans avaient été tués en juillet 1995, est "un mythe", avait notamment affirmé l'ancien président de la République autoproclamée des Serbes de Bosnie devant les juges du TPI.