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Le nucléaire iranien au cœur des discussions entre Obama et Hu Jintao

Selon Washington, Hu Jintao et Barack Obama, qui se sont entretenus en marge du sommet sur la sécurité nucléaire, sont d'accord pour travailler à l'élaboration d'une résolution contre l'Iran. Pékin réitère toutefois son appel au dialogue.

REUTERS - Les efforts déployés par Barack Obama pour obtenir l'adoption d'un nouveau train de sanctions contre l'Iran sont passés à une vitesse supérieure lundi, lors de l'entretien qu'il a eu avec son homologue chinois Hu Jintao, avec lequel il a été aussi question des relations économiques entre la Chine et les Etats-Unis.

Le président américain a souligné devant son hôte la nécessité d'agir sans attendre face au programme nucléaire iranien, et Hu a accepté que Pékin s'associe à la rédaction d'une résolution des Nations unies sur de nouvelles sanctions contre Téhéran, a déclaré un responsable américain.

Les deux chefs d'Etat ont eu un entretien d'une heure trente à Washington, au début du sommet de deux jours réunissant les représentants de 47 pays. Ce forum a été organisé par Obama lui-même pour que le monde se penche sur la menace du terrorisme nucléaire et les moyens d'empêcher que des matériaux nucléaires
ne tombent entre les mains d'extrémistes.

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L'Ukraine a montré la voie en annonçant lundi qu'elle renonçait à l'uranium hautement enrichi qu'elle détient. Ce pays va détruire "une part importante de ses stocks" dès cette année et transformer ses installations civiles de recherche nucléaire de telle sorte qu'elles fonctionnent à partir d'uranium faiblement enrichi, a déclaré le porte-parole de la Maison blanche, Robert Gibbs.

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a informé le président Obama de cette décision au premier jour du sommet, et les Etats-Unis vont accorder une aide financière et technique à l'Ukraine, de même qu'ils vont probablement entreposer sur leur territoire une partie de l'uranium hautement enrichi de l'Ukraine.

PÉKIN PRÊT À DISCUTER DE SANCTIONS

Quant à l'Iran, son programme nucléaire, soupçonné par l'Occident d'avoir des visées militaires, n'est pas à l'ordre du jour de ce sommet, mais la présence de tant de dirigeants dans la capitale américaine a donné à Obama une occasion de défendre une nouvelle fois l'idée de nouvelles sanctions contre Téhéran pour dissuader les Iraniens d'aller plus loin.

La Chine, indique un responsable américain, partage les inquiétudes des Etats-Unis sur le programme nucléaire iranien et a ordonné à ses représentants à l'Onu de travailler à l'élaboration d'une résolution sanctionnant Téhéran.

De son côté, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères a jugé la rencontre entre Hu et Obama "positive et constructive". La Chine et les Etats-Unis
"partagent le même objectif général sur la question du nucléaire iranien", a ajouté ce porte-parole, Ma Zhaoxu.

Ce dernier n'a pas donné de précisions sur la teneur de l'entretien Hu-Obama et s'est borné à réitérer l'appel de Pékin au "dialogue et aux négociations" avec l'Iran, pays avec lequel Pékin entretient d'étroites relations économiques.

Un responsable américain a indiqué cependant que la Chine et les Etats-Unis s'étaient entendus pour que leurs représentants planchent sur une résolution prévoyant de nouvelles sanctions contre Téhéran.

LE YUAN AU MENU DE LA RENCONTRE

"La résolution exposera clairement à Téhéran le prix de la poursuite de son programme nucléaire, qui viole les obligations et les responsabilités de l'Iran", a déclaré à l'issue de l'entretien Hu-Obama Jeffrey Bader, principal conseiller du président américain pour les questions chinoises.

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Les deux présidents sont tombés d'accord pour que leurs délégations travaillent à l'élaboration d'une résolution du Conseil de sécurité sur un nouveau train de sanctions, "et c'est ce que nous faisons", a ajouté Bader.

La décision même de Hu Jintao de participer à ce sommet a été perçue à Washington comme un signe positif pour les relations américano-chinoises. Celles-ci avaient été mises à mal ces derniers temps par la rencontre entre Obama et le dalaï-lama, chef spirituel en exil des Tibétains, mais aussi par le litige entre Google et le pouvoir chinois ou encore par les pressions américaines en faveur d'une appréciation du yuan.

Le secrétaire américain au Trésor Timothy Geithner et le conseiller économique de la Maison blanche Larry Summers ont pris part à la rencontre entre Obama et Hu, qui a porté également sur les relations économiques bilatérales et sur le yuan.

Obama a réclamé de nouveau une plus grande flexibilité de Pékin à l'égard du yuan.

"Le président a réaffirmé qu'à ses yeux il est important, pour le bien d'une reprise économique mondiale soutenue et équilibrée, que la Chine s'oriente vers un taux de change fluctuant davantage au gré du marché", a déclaré à la presse Jeffrey Bader.

De son côté, Hu a déclaré à son hôte que les frictions économiques et commerciales entre leurs pays devraient être résolus par des consultations "sur un pied d'égalité".

Pékin fait varier le cours du yuan en fonction du dollar depuis la mi-2008 et a un énorme excédent commercial vis-à-vis des Etats-Unis. Selon certains, c'est le signe que la monnaie chinoise est sous-évaluée de manière à donner aux entreprises chinoises un avantage inique en termes de compétitivité.