Les discussions sur le dossier des retraites démarrent ce lundi, les partenaires sociaux devant se rendre au ministère du Travail. Le Medef souhaite le report de l'âge légal de départ - aujourd'hui fixé à 60 ans. Les syndicats s'y opposent.
AFP - La concertation sur les retraites démarre lundi avec le défilé des partenaires sociaux au ministère du Travail, un rendez-vous formel qui sera surtout l'occasion pour les syndicats et le patronat d'affirmer leurs positions.
Alors que l'Elysée a évoqué en fin de semaine la possibilité de créer un "prélèvement spécifique sur une catégorie de population" pour financer les retraites, le ministre du Travail, Eric Woerth ne devrait pas dévoiler les projets gouvernementaux lors de ces entretiens bilatéraux.
La suggestion de l'Elysée intervient en pleine polémique sur le bouclier fiscal, les syndicats reprochant au gouvernement de focaliser les débats sur les efforts à demander aux salariés.
Sur ce thème, le JDD a émis l'hypothèse dimanche de la création d'une CRDS additionnelle exclue du bouclier pour financer les retraites, les plus hauts revenus étant alors amenés à la payer comme les autres.
A court terme, le report de l'âge légal de départ, comme le demande le Medef, serait la mesure la plus avantageuse financièrement. Mais les syndicats estiment qu'elle exclurait encore plus du marché du travail les seniors.
A part la CFE-CGC, les syndicats ont fait des 60 ans un symbole à ne pas toucher, y compris la CFDT qui pourrait accepter en revanche un nouvel allongement de la durée de cotisation.
Ils sont en phase avec l'opinion. Selon une étude RTL-Harris Interactive diffusée dimanche, 80% des Français jugent "nécessaire" de réformer le système, mais une majorité (56%) ne sont pas prêts à cotiser plus longtemps et 60% pensent qu'il ne faut pas reculer l'âge de départ.
Plus largement, les syndicats veulent en priorité régler la question de l'emploi, pour rétablir les recettes de la Sécurité sociale.
Trouver de nouvelles ressources pour les retraites en taxant des revenus échappant aux cotisations sociales leur semble aussi indispensable, tout comme la prise en compte pour la retraite de la pénibilité de certains métiers.
De son côté, le gouvernement n'a prévu de dévoiler son projet que "fin mai, début juin", pour déposer un texte au Parlement en septembre.
Il n'a pas caché qu'il voulait trouver le moyen de faire "travailler plus longtemps" les Français, face à une espérance de vie en constante progression.
Cela pourra passer par un nouvel allongement de la durée de cotisation nécessaire pour une retraite à taux plein (au-delà des 41 ans prévus d'ici 2012) et/ou par un recul de l'âge légal minimal de départ de 60 ans.
François Fillon a par ailleurs indiqué qu'une hausse des cotisations retraites, compensée par une baisse des cotisations chômage, était envisageable.
Sur la question des retraites dans la Fonction publique, souvent présentées comme plus avantageuses que dans le privé, le gouvernement s'est montré prudent ces dernières semaines. Le secrétaire d'Etat à la Fonction publique George Tron a estimé dimanche que cette question ne pouvait être "un préalable". Une journée spécifique de concertation est prévue sur ce thème.
Le Conseil d'orientation des retraites (COR) doit bientôt fournir au débat sa toile de fond, en livrant les nouvelles projections financières pour l'ensemble du système de retraites sur les prochaines décennies. Mais la publication des données prévue mercredi, pourrait être repoussée à mai, a indiqué dimanche sur RTL Laurence Parisot (Medef).
Au delà des partenaires sociaux, les politiques se mobilisent sur ce sujet sensible. Le député PS du Doubs Pierre Moscovici a préconisé dimanche "une remise à plat" du système. Le ministre du Travail Eric Woerth a indiqué sur BFMTV qu'il allait écrire aux partis pour les consulter.