
Contrainte de dépenser deux fois plus que l'Allemagne pour financer ses déficits, la Grèce peine à convaincre les marchés. Mais le gouvernement écarte, pour l'heure, l'idée d'activer le plan d'aide prévoyant l'octroi de prêts européens et du FMI.
AFP - La Grèce ne parvient toujours pas à convaincre les marchés qui lui font désormais payer très cher le financement de ses déficits, mais le gouvernement d'Athènes assure faire face, sans recourir pour l'instant au plan d'aide proposé par les Européens il y a quinze jours.
Poursuivant leur hausse depuis mardi, les taux des obligations grecques à dix ans ont atteint jeudi le niveau historique de 7,508%, du jamais vu depuis l'adoption de l'euro par la Grèce en 2001.
Cela signifie qu'elle doit actuellement débourser plus du double de l'Allemagne, référence des marchés, pour financer ses déficits. Dans ces conditions, les experts expriment désormais ouvertement leurs inquiétudes sur la capacité du pays à faire face à la crise financière.
En dépit de cette aggravation, le porte-parole du gouvernement grec a écarté jeudi l'hypothèse d'un recours dans l'immédiat au plan de soutien décidé le 25 mars à Bruxelles et qui prévoit l'octroi de prêts européens et du Fonds monétaire international (FMI).
"Il n'y a pas de raison de prendre cette initiative pour le moment", a déclaré Georges Pétalotis.
Au même moment, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet s'efforçait d'apaiser les craintes des marchés en jugeant un défaut de paiement de la Grèce "hors de question". Et d'ajouter, lors d'un point de presse à Francfort, que le plan d'aide européen était "viable" en dépit des critiques dont il fait l'objet.
"Alors que la prime de risque augmente, il devient de plus en plus probable que les autres pays (de la zone euro) devront prêter main forte à la Grèce", ont estimé de leur côté des analystes de la banque allemande Commerzbank.
Mais l'Europe, Allemagne en tête, ne semble toujours pas prête à s'engager, et les conditions de déblocage de l'aide européenne décidée il y a quinze jours, avec l'appui du FMI, ne sont toujours pas éclaircies.
Selon certains analystes, l'hypothèse d'un recours au FMI, seule institution en mesure de débloquer les fonds nécessaires à des taux raisonnables pour la Grèce, est donc désormais à envisager sérieusement.
Les craintes des analystes sont d'autant plus fortes que le ministre grec des Finances Georges Papaconstantinou a reconnu mardi soir que le déficit public pour 2009 serait révisé "au moins à 12,9%" du PIB contre 12,7% actuellement.
Une légère embellie sur le front des déficits a été toutefois annoncée par le ministère des Finances jeudi: le déficit public de la Grèce a baissé de 40% au premier trimestre 2010 à 4,3 milliards d'euros, sous l'effet des récentes mesures d'austérité.
Le gouvernement a assuré que la Grèce continuerait à emprunter sur les marchés en dépit de la hausse historique des taux.
Ayant déjà emprunté fin mars à des taux de plus de 6%, l'Etat grec n'a pas exclu une émission obligataire en dollars afin de lever 11,5 milliards d'euros (15,6 milliards de dollars) et couvrir les besoins d'ici mai.
La crise financière a pesé sur la Bourse d'Athènes qui a clôturé jeudi en baisse de 3,11%, après avoir plongé de 5% en milieu de journée.