Nicolas Sarkozy recevait à l'Élysée des chauffeurs de bus, deux jours après l'attaque de deux cars à Tremblay-en-France. Des policiers ont été déployés sur des lignes desservant cette commune de Seine-Saint-Denis.
AFP - Des chauffeurs de bus ont été reçus vendredi à l'Elysée par Nicolas Sarkozy, deux jours après l'attaque de deux véhicules à Tremblay-en-France où des policiers étaient déployés sur des lignes de bus.
A l'issue de cette rencontre, le président a demandé au ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux d'"intensifier les opérations coups de poings dans les cités sensibles".
M. Sarkozy s'est déclaré "très choqué" d'avoir vu un bus brûlé, a rapporté aux journalistes Kada Zenasci, un responsable CFDT des chauffeurs, après près d'une heure passée à l'Elysée.
Mercredi soir, un autobus a été incendié et un autre caillaissé dans la cité du "Grand ensemble" du Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis), au surlendemain d'une opération antidrogue dans la cité au cours de laquelle des stupéfiants, des armes et près d'un million d'euros en liquide avaient été saisis.
"Il y a des zones à risque sur tout le secteur de la Seine-Saint-Denis" et "nous, on demande de la sécurité partout", a déclaré à sa sortie de l'Elysée Jonathan Pigeon, chauffeur de bus de la compagnie TRA (Transport routier automobile), témoin direct du caillassage du véhicule qui précédait le sien.
M. Hortefeux, qui a assisté à la rencontre entre les machinistes et le chef de l'Etat - en présence du directeur général de la police nationale Frédéric Péchenard et du préfet de police Michel Gaudin - a assuré qu'une "enquête très précise" était menée.
A la mi-journée, M. Hortefeux s'était rendu au siège de l'une des deux compagnies de bus concernées, TRA (Veolia transport), à Villepinte. Il y a annoncé que 80 policiers, dont des CRS et des hommes du service régional de la police des transports, allaient être affectés à des escortes d'autobus.
"Nous allons maintenir ces escortes policières tout le temps qu'il faudra, l'ordre et la loi seront respectés", a dit le ministre.
Au total, "une dizaine de lignes" de bus les plus sensibles de Seine-Saint-Denis seront sécurisées à partir de vendredi et "nous sommes prêts à doubler le dispositif", a précisé à l'AFP le préfet du département Nacer Meddah.
Effectivement vendredi, des bus de la ligne 619 de la TRA, dont l'un a été caillassé mercredi, étaient suivis par des véhicules de police, a constaté une journaliste de l'AFP. Quatre CRS se trouvaient aussi à bord d'un bus.
Quant à la compagnie de bus des Courriers d'Ile-de-France (CIF), ses véhicules sont restés au dépôt, les chauffeurs n'ayant pas repris le travail. C'est un "T'bus" CIF de la ligne 91 qui avait été incendié mercredi.
"On exerce toujours notre droit de retrait (...) et peut-être qu'il n'y aura toujours pas de bus" samedi, a dit à l'AFP un délégué du personnel, Wajih Ben Abdelmalek. "On sait que les escortes ont des limites: on ne peut pas escorter tous les bus, et ça peut attiser des tensions", a-t-il dit.
Dans l'affaire de la saisie de drogue et d'argent à Tremblay, quatre hommes de 21 à 27 ans ont été déférés vendredi au parquet de la Juridiction interrégionale spécialisée (Jirs) de Paris qui a ouvert une information judiciaire pour trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs et non justification de ressources. Ils devaient être présentés au juge Hervé Robert en vue de leur éventuelle mise en examen.
M. Hortefeux a apporté son soutien aux policiers du commissariat de Villepinte: "S'il y a d'autres affaires (de trafic de drogue), il ne faut pas hésiter à y aller (...) "Trouvez-les, allez-y", a-t-il lancé.
Mais pour le président du conseil général de Seine-Saint-Denis, Claude Bartolone (PS), il manque "400 policiers" dans son département.