Lancé sur Internet en janvier, le concours "Francomot" proposait aux étudiants de réfléchir à des néologismes pour remplacer cinq anglicismes utilisés quotidiennement dans la langue française. Reste à savoir s'ils passeront dans le langage courant.
"Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde", disait Albert Camus. De façon originale, le secrétariat d’État à la Francophonie a voulu remplacer certains anglicismes par des mots à la consonnance plus française. Lancé sur Internet à la mi-janvier, le concours "Francomot" proposait aux étudiants de trouver des traductions innovantes pour cinq termes anglais très utilisés dans la vie quotidienne : "Buzz", "Chat", "Tuning", "Newsletter" et "Talk".
Un jury d'une dizaine de personnalités - parmi lesquelles les chanteurs MC Solaar et Sapho - qui était présidé par Jean-Christophe Rufin, de l'Académie française, a sélectionné, mardi, les propositions les plus originales. Désormais, un sujet ne fait donc plus du "buzz" sur le Net mais du "ramdam", et les fondus d'automobile ne s'adonnent plus au "tuning" mais au "bolidage"...
"L’usage est souverain"
Reste une question : ces nouveaux termes passeront-ils dans le langage courant ? Rien ne dit en effet que le grand public et les professionnels accepteront de changer leurs habitudes, en utilisant les néologismes proposés. Si le mot "Informatique" inventé par le Français Philippe Dreyfus en 1962 est passé dans les mœurs, "mercatique" n’a jamais détrôné "marketing", "mentaille" n'a jamais remplacé "software", et "quincaille" n'a jamais supplanté "hardware".
"L’usage est souverain et ne se décrète pas. On ne peut pas prédire l’avenir d’un mot", explique à l’AFP Xavier North, qui dirige la Délégation générale à la langue française, dépendant du ministère de la Culture.
Préserver la pureté de la langue française n’est pas une initiative nouvelle. L’Académie française traque régulièrement les anglicismes. Selon les "Immortels", 5 % des mots français sont empruntés à l’anglais.
Une consolation toutefois : la langue de Shakespeare regorge de mots et d’expressions empruntés à la langue de Molière dans une bien plus grande proportion.