
(Illustration) Les Sud-Coréens constituaient la majorité des 475 personnes arrêtées dans une usine de batteries Hyundai-LG en construction dans l'État de Géorgie, aux États-Unis. © Handout, US Immigration and Customs Enforcement, AFP
Une offensive contre les migrants qui pourrait être lourde de conséquences pour Washington. Plusieurs centaines d'employés d'une usine de batteries Hyundai-LG étaient jeudi 11 septembre "en cours" de libération, selon Séoul, qui a averti que cet épisode "déstabilisant" pourrait avoir un impact sur ses futurs investissements aux États-Unis.
Quelque 475 personnes, dont une majorité de Sud-Coréens, avaient été arrêtées le 4 septembre par le Service américain de l'immigration et des douanes (ICE) sur le chantier de construction d'une usine de batteries Hyundai-LG dans l'État de Géorgie.
Vers 7 h GMT, un représentant du ministère sud-coréen des Affaires étrangères a confirmé via un communiqué envoyé à l'AFP que le "processus (de libération) était en cours". Des photo prises par l'agence sud-coréenne Yonhap montrent des salariés se rassemblant autour de bus, certains souriants et faisant signe de la main après avoir passé plusieurs jours en détention.
La Corée du Sud a dépêché mercredi un Boeing 747-8I de Korean Air aux États-Unis pour rapatrier les techniciens qualifiés.
S'exprimant lors d'une conférence de presse jeudi, le président sud-coréen Lee Jae-myung a attribué l'opération d'arrestation à des "différences culturelles", expliquant qu'en Corée du Sud, où des infractions mineures semblables touchant des ressortissants américains ne sont pas considérées comme "un problème sérieux".
Les techniciens qualifiés arrêtés "en état de choc"
Lee Jae-myung a déclaré que cette affaire pourrait avoir un "impact significatif sur les décisions d'investissement futures, en particulier lors de l'évaluation de la faisabilité d'opérations directes aux États-Unis".
Il a expliqué que pour les entreprises sud-coréennes, les techniciens qualifiés étaient "essentiels", lors de l'installation des infrastructures, des équipements et des usines.
"Quelqu'un doit installer les machines, et la main-d'œuvre nécessaire n'existe tout simplement pas localement aux États-Unis," a-t-il souligné.
Le président américain Donald Trump a finalement renoncé jeudi à expulser ces professionnels mais Séoul a décidé de les rapatrier car ils sont "en état de choc", a précisé Cho Hyun, le ministre sud-coréen des Affaires étrangères.
"Le président Trump a demandé si les travailleurs sud-coréens détenus, tous des professionnels qualifiés, devaient rester aux États-Unis pour continuer à travailler et à former le personnel américain, ou s'ils devaient rentrer chez eux", a détaillé le ministère sud-coréen des Affaires étrangères dans un communiqué.
Mais Séoul a répondu que "compte tenu de l'état de choc et de l'épuisement des travailleurs, il serait préférable qu'ils rentrent d'abord chez eux, puis qu'ils reviennent aux États-Unis pour travailler plus tard. La partie américaine a accepté cette position", a-t-il été ajouté.
Une affaire qui soulève les contradictions de l'administration Trump
La descente, au cours de laquelle ces employés sud-coréens avaient été enchaînés et menottés, est "déstabilisante", a souligné le président sud-coréen.
Le raid américain a fait la Une des médias en Corée du Sud, un pays qui a promis d'investir 350 milliards de dollars aux États-Unis, après des menaces américaines sur les droits de douane. Séoul a indiqué avoir obtenu que ses ressortissants ne soient plus menottés lors de leur rapatriement.
Ce raid met en évidence les contradictions de l'administration Trump, qui "fait venir des usines de production à grande échelle tout en négligeant de former les travailleurs locaux", estime Kim Dae-jong, professeur de commerce à l'université de Sejong. "En conséquence, les Sud-Coréens doivent former la main-d'œuvre locale". Sud-Coréens et Américains devraient "travailler ensemble, et être non entravés dans leurs efforts".
Ces problèmes liés à la politique migratoire américaine "aurait dû être traités plus rapidement", souligne à l'inverse Cho Dong-geun, professeur émérite d'économie à l'université de Myongji, soulignant que les entreprises sud-coréennes étaient depuis longtemps conscientes des problèmes liés aux visas.
Allié clé des États-Unis pour la sécurité dans le Pacifique, la Corée du Sud est aussi la quatrième économie asiatique, un acteur majeur de la construction automobile et de l'électronique. Plusieurs usines sud-coréennes sont implantées sur le territoire américain.
Les salariés arrêtés ne disposaient probablement pas d'un visa les autorisant à effectuer des travaux de construction, ont relevé des experts.
Avec AFP