Les partisans de l'ex-Premier ministre Thaksin Shinawatra, qui demandent la démission du gouvernement en place, ont mis fin aux négociations entamées dimanche avec son chef de file. Les désaccords entre les parties sont, selon eux, irréconciliables.
AFP - Les "chemises rouges", qui réclament dans les rues de Bangkok la démission du gouvernement thaïlandais depuis plus de deux semaines, ont mis fin mardi aux négociations initiées avec le Premier ministre, qualifiées "d'échec".
Après deux rencontres retransmises en direct à la télévision dimanche et lundi entre le chef du gouvernement Abhisit Vejjajiva et les "rouges", partisans de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, les manifestants ont annoncé qu'ils jugeaient les désaccords irréconciliables.
"Les négociations ont complètement échoué et sont déjà terminées", a affirmé Jatuporn Prompan, l'un des cadres du mouvement. "Nous voulons (une démission) sous 15 jours alors que le gouvernement a besoin de neuf mois", a-t-il justifié.
Les "rouges", qui s'appuient sur les paysans venus du nord et du nord-est du pays, bastion de Thaksin, ont entamé leurs manifestations le 14 mars.
Ils affirment qu'Abhisit est au service des élites traditionnelles de Bangkok -palais royal, hauts fonctionnaires, magistrats-, qu'ils accusent de confisquer richesses et privilèges.
Renversé en 2006 par un coup d'Etat légitimiste, maintenu en exil par une condamnation à deux ans de prison pour malversations financières, Thaksin a été privé de plus de la moitié de sa fortune par la Cour suprême de Bangkok fin février.
Mais ses partisans réclament un retour à l'ordre constitutionnel d'avant 2006, et exige un gouvernement élu par les urnes. Ils rappellent qu'Abhisit est arrivé au pouvoir en décembre 2008 après la dissolution par la justice du parti pro-Thaksin, puis une recomposition des alliances parlementaires.
Le Premier ministre avait proposé lundi soir aux responsables du mouvement de reprendre les discussions jeudi, tout en regrettant qu'ils rejettent sa proposition d'organiser des élections anticipées fin 2010, soit un an avant le terme actuel de la chambre basse.
Mardi, il s'en est pris à Thaksin, qu'il accuse de manipuler la scène politique nationale pour ses intérêts personnels.
"Thaksin a son propre agenda, qui n'est pas en phase avec celui du peuple thaïlandais. Nous essayons d'écouter (les "rouges"), mais je ne veux pas que le peuple serve de pion à Thaksin", a-t-il déclaré avant de s'envoler pour Bahrein.
"Plus de discussion, tout est terminé", a répondu Jatuporn, excluant aussi des débats à huis-clos. "Nous ne participerons pas à des négociations secrètes car nous avons du respect" pour nos militants, a-t-il expliqué.
Le gouvernement a décidé mardi de prolonger d'une semaine la Loi de sécurité intérieure (ISA), qui lui permet notamment de confier aux militaires la conduite des opérations de maintien de l'ordre.
Le mouvement n'a connu aucun débordement violent, mais plusieurs grenades et des explosions non identifiées ont été déplorées dans la capitale. Elles n'ont été ni attribuées, ni revendiquées.