Alors que les "chemises rouges", qui réclament la tenue d'élections anticipées, manifestent depuis deux semaines, le gouvernement a décidé d'ouvrir des pourparlers. Une première rencontre a eu lieu aujourd'hui, sans qu'un accord ne soit trouvé.
AFP - Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva et des représentants des manifestants qui réclament des élections anticipées se sont entretenus dimanche à Bangkok mais n'ont pas réussi à trouver un accord mettant fin à deux semaines de crise politique.
itLe Premier ministre a rejeté la demande des Chemises rouges, partisans de l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, d'organiser rapidement des élections mais les deux parties sont convenues de reprendre les discussion lundi à 18H00 (11H00 GMT).
"La dissolution de la Chambre ne pourra survenir que si nous estimons que c'est la seule issue possible pour le pays tout entier et pas seulement pour les Rouges", a déclaré Abhisit Vejjajiva, à l'adresse des trois responsables des Chemises rouges, assis à la table de négociations.
Les pourparlers qui ont duré trois heures dans un établissement de l'Education nationale de la capitale, étaient retransmis en direct à la télévision.
"Nous vous demandons de dissoudre la Chambre d'ici à deux semaines. Quelle que soit votre décision, si nous discutons demain, je veux que vous preniez en compte cette condition", lui a dit Jatuporn Prompana, l'un des dirigeants du mouvement contestataire.
"Si vous êtes confiant dans l'issue du scrutin, vous devez redonner le pouvoir au peuple", a poursuivi Jatuporn.
Le Premier ministre, accompagné de deux de ses conseillers, avait serré la main de ses interlocuteurs avant le début des discussions. Il est apparu souvent mal à l'aise pendant les entretiens.
Des dizaines de milliers de manifestants, rassemblés près du siège du gouvernement, suivaient le débat sur un écran géant.
"Le gouvernement souhaite calmer le jeu", avait assuré plus tôt Satit Wongnongtoey, un membre du gouvernement.
"Ca ne devrait pas durer trop longtemps car l'atmosphère est bonne. Tout le monde fait preuve de bonne volonté pour le bien du pays", avait déclaré de son côté Weng Tojirakarn, l'un des trois représentants des manifestants.
Le commentateur politique Chris Baker, co-auteur de plusieurs ouvrages sur la Thaïlande, ne voit pourtant pas ces discussions "se terminer de sitôt". "Je pense qu'elles seront entourées de l'habituelle dramaturgie. Au final, je ne serais pas étonné qu'on aboutisse à des élections au mois de novembre", a-t-il estimé.
Installées depuis le 14 mars dans le centre de Bangkok, les "Chemises rouges", qui représentent la Thaïlande rurale et pauvre, jugent Abhisit illégitime et lui reprochent de servir les élites traditionnelles royalistes de Bangkok. Elles exigent son départ, refusant d'attendre les prochaines élections prévues en principe en décembre 2011, arguant que Thaksin a été renversé par un coup d'Etat en 2006 après avoir été réélu.
Beaucoup espèrent le retour du magnat des télécoms en exil depuis deux ans pour échapper à la prison. Les "Rouges" le considèrent comme le seul homme politique à s'être jamais préoccupé de leur sort, tandis que les élites de la capitale lui reprochent son populisme, son affairisme et la menace qu'il représente selon elles contre la monarchie.
Le camp des "Rouges" avait beaucoup perdu de sa crédibilité en avril 2009, lorsque des manifestations avaient dégénéré, faisant deux morts. Ils ont jusqu'ici démontré que leurs rassemblements dans les rues de la capitale étaient pacifiques, malgré une série d'attaques à la grenade non revendiquées.
Une dizaine de personnes ont été blessées depuis samedi, dont quatre militaires après un jet de grenade contre des casernes de l'armée faisant office de quartier général de crise du gouvernement.