Depuis la fermeture de sa mine, la ville de Jerada, au nord est du Maroc, est à la dérive. Ses habitants creusent à la main la montagne pour lui arracher quelques morceaux de charbon… Ces mineurs de fortune survivent payés une misère par les négociants en charbon. Nos reporters ont recueilli leurs témoignages.
Dans les mines clandestines de Jerada, des centaines de mineurs descendent jusqu’à 60 mètres sous terre au péril de leur vie pour gratter quelques caisses de charbon.
Les conditions de travail sont extrêmes, les puits sont creusés artisanalement avec des pelles et stabilisés à l’aide de morceaux de bois récupérés dans la forêt avoisinante. Ces installations de fortune peuvent s’effondrer à tout moment et ensevelir les ouvriers descendus au fond du trou…
Et pourtant, les anciennes mines d’anthracite - un charbon maigre contenant moins de 10% de matières volatiles - juste à côté sont parfaitement sécurisées. Mais l’Etat a décidé de les fermer en 2001, laissant sans emploi les 7000 ouvriers de la région car "la mine" avait été jugée insuffisamment productive.
Les employés ont été indemnisés, mais trop peu pour survivre dans cette région sans travail. Alors, les uns après les autres, les anciens mineurs sont retournés au charbon. Et tant pis si quatre mineurs sur cinq souffrent de silicose.
Progressivement, toute la population s’y est mise. Chaque jour, une dizaine de nouveaux puits sont creusés tout autour de la ville. Ni les Eaux et forêts, à qui appartiennent les terrains, ni le ministère des Energies et des mines, n’ont réagi.
Mais quelques notables fortunés de la région ont vu dans ces forages clandestins le moyen de gagner beaucoup d’argent. Ceux qu’on surnomme à Jerada les " Barons" ont obtenu des "Permis de recherche, d’exploitation et de commercialisation du charbon" et sont devenus les intermédiaires impossibles à contourner pour les mineurs cherchant à revendre le fruit de leur labeur.
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