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Les médias déplorent l'échec de la visite de Netanyahou à Washington

Les médias israéliens fustigent l'échec de la visite du Premier ministre Benjamin Netanyahou aux États-Unis. Le président de l'État hébreu, Shimon Peres, a reconnu lui aussi que les négociations n'ont débouché sur "aucun accord".

AFP - Les médias israéliens tiraient jeudi un bilan très négatif de la visite du Premier ministre Benjamin Netanyahu à Washington, soulignant que la crise entre les deux pays s'était aggravée.

Un ton qui contraste avec la tentative de M. Netanyahu de minimiser l'ampleur des désaccords apparus lors de ses entretiens avec le président américain Barack Obama mardi à la Maison Blanche.

"On peut dire que nous avons progressé", a assuré le Premier ministre peu avant son départ de Washington.

Cet optimisme a cependant été nettement nuancé par le président israélien Shimon Peres, qui a affirmé lors d'un discours devant le Congrès de l'UEFA réuni à Tel-Aviv qu'Israël n'était "pas parvenu à un accord avec les Etats-Unis" pendant la visite de M. Netanyahu.

Un porte-parole de la Maison Blanche avait déjà reconnu que les discussions n'avaient pas permis d'aplanir tous les "désaccords" au moment où les relations entre les deux alliés traversent une grave crise à propos notamment de la construction de logements pour des Israéliens à Jérusalem-Est annexée.

Usant d'un langage beaucoup moins diplomatique, la radio de l'armée a affirmé que toutes "les tentatives pour surmonter les tensions avec l'administration (américaine) ont échoué". La radio publique a estimé elle que cette visite s'achevait au mieux par une "déception" et au pire par un "échec cuisant".

Selon la radio publique, M. Netanyahu devait convoquer un cabinet resserré composé de sept ministres dès son retour jeudi à Jérusalem. Le chef du gouvernement leur soumettra un document écrit reprenant les exigences de M. Obama pour relancer les discussions avec les Palestiniens gelées depuis plus d'un an.

Le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, a affirmé jeudi que "l'absence de progrès" dans ces négociations était "exploitée par nos adversaires dans la région" et "sape les intérêts américains en matière de sécurité nationale" dans cette zone.

Dans le document écrit, le président américain exige que M. Netanyahu s'engage à ne pas reprendre la colonisation en Cisjordanie en septembre à la fin d'un moratoire partiel de 10 mois décrété pour la construction de logements, a précisé la radio militaire.

M. Obama réclamerait également un arrêt de la construction de logements dans les quartiers israéliens à Jérusalem-Est, où les Palestiniens veulent faire la capitale de leur futur Etat, a ajouté la radio. Sur ce point, M. Netanyahu a jusqu'à présent exclu tout moratoire.

Le président américain a également insisté sur la nécessité de discuter de toutes les questions clés, notamment les frontières du futur Etat palestinien alors que le Premier ministre estime que la priorité doit être accordée aux arrangements de sécurité que doivent fournir les Palestiniens, selon les médias.

La presse présente le Premier ministre comme un homme traqué. "Le dos au mur", titre le quotidien Maariv, tandis que l'éditorial est intitulé "embuscade à la Maison Blanche". "Bras de fer à Washington, atmosphère de crise", proclame Israël Hayom (droite)". Le Yédiot Aharonot barre sa une du mot "pression" imprimé en rouge vif. "Guerre froide à Washington", titre un des commentateurs.

Plusieurs commentateurs soulignent que la fermeté du président américain place M. Netanyahu devant un dilemme. Il pourrait être contraint pour surmonter la crise de changer de majorité en faisant entrer Kadima, un parti centriste, au gouvernement, pour lui permettre de faire des concessions que ses alliés actuels d'extrême droite et ultra-orthodoxes se refusent à envisager.

Le député Roni Baron (Kadima) a regretté "le manque total de confiance qu'inspire le Premier ministre aux Etats-Unis". "Le président Obama a décidé de ne plus accepter la tactique de Netanyahu qui consiste à gagner du temps".