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''La sortie de crise est en vue'', c'est Dermot Ahern, ministre de la Justice, qui l'affirme. L'Irlande, autrefois surnommé le ''Tigre celtique'', a été la première économie à entrer en récession en 2008. En un an, 60 000 jeunes auraient quitté le pays pour tenter leur chance ailleurs. Les Irlandais renouent-ils avec la tradition de l’émigration ?

Depuis la famine des années 1840, des générations d'Irlandais ont émigré à travers le monde pour former une diaspora de plus de 60 millions de personnes, la plupart vivant aux Etats-Unis ou au Canada.

A partir des années 1990, quinze années de boum économique ont valu au pays le surnom de « Tigre celtique ». On croyait alors la fin de ce phénomène ancré au cœur de l'histoire et de la culture irlandaise : l'émigration. Pour la première fois, l'Irlande était même devenue terre d'immigration, accueillant des centaines de milliers d'Européens en quête d'un travail dans les secteurs informatique, bancaire ou la construction.

Mais avec la récession, les choses ont changé. Sur une population d'environ 4 millions de personnes, 60 000 jeunes âgés de 18 à 26 ans ont quitté le pays l'an dernier. Tous ne sont pas Irlandais. Mais le problème est loin d'être négligeable.

Le Boston Globe, le quotidien américain titrait récemment: "Les Irlandais sont de retour". Aux Etats Unis, de nouvelles restrictions limitent l'accès aux visas de travail pour les Européens. Environ 50.000 Irlandais vivent illégalement dans le pays.

En Irlande, chaque famille a un fils, un neveu ou un cousin qui est parti ou qui part. Pour la plupart, il s'agit de jeunes diplômés d'université. Contrairement aux générations passées, ces nouveaux émigrants sont mieux armés pour réussir leur vie à l'étranger. Et les nouvelles destinations de choix ne sont plus l'Angleterre ou les Etats-Unis, mais l'Australie, la Nouvelle Zélande et le Canada. En 2009, le nombre de visas de résidents accordés à des Irlandais a augmenté de 25% en Australie, comparé à l'année précédente. Le mois dernier, parmi les dizaines de personnes qui faisaient la queue pour assister au séminaire "Comment obtenir un visa en Australie", il y avait des jeunes hommes seuls mais aussi des familles.

Pour l'instant, la situation est loin d'être aussi grave que dans les années 1960, où l'émigration était telle qu'il n'y avait plus assez d'hommes pour former les équipes de sports gaëliques de l'ouest de l'Irlande… Mais le vieux spectre de l'émigration a resurgi alors qu'on ne l'attendait plus.

Les économistes espèrent que lorsque la croissance reprendra, cette fuite des cerveaux s'arrêtera et marquera le début du retour de ces jeunes. Mais l'Irlande n'est toujours pas sortie de la récession, qui s'est accompagnée d'un crash immobilier et d'une crise bancaire grave. En 2009, le déficit budgétaire a atteint 12,5% du produit national brut. Le gouvernement doit s'efforcer de ramener ce déficit à 3% d'ici 2014. Les Irlandais vont souffrir. Pas de perspective d'amélioration réelle avant l'horizon 2014, 2015, selon les experts.

Emission préparée par Kate Williams, Marie Billon et Patrick Lovett

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